L'Enfant allemand

Par Camilla Läckberg 

Dans « L’Enfant allemand », Erica sort un peu de l’ombre. Patrik décide de s’occuper de leur petite Maja afin qu’elle puisse reprendre son activité d’auteure. Il prend un congé paternité et se retrouve confronté à toutes les tracasseries de parents qui élèvent un enfant en bas âge. Le pauvre est débordé par sa nouvelle tâche et essaie de tenir bon. Quand Erica se met à fouiller dans le grenier, elle découvre une malle qui appartient à sa mère défunte. Elle y découvre des dessins qu’elle avait fait (et ceux de sa sœur) ainsi qu’une série de journaux intimes tenus pendant la seconde guerre mondiale. En outre, il y a une brassière de bébé tachée de sang et une croix de fer nazie. Ni une, ni deux, au lieu d’écrire son livre, Erica se précipite chez un professeur d’histoire à la retraite spécialiste de la période nazie et collectionneur nommé Erik Frankel. Elle lui laisse la médaille et quelques semaines passent, jusqu’à ce que deux adolescents qui entrent par effraction chez le retraité n’en découvrent le cadavre. Dès lors, Erika mène l’enquête. Et comme l’enfer est pavée de bonnes intentions, Patrik suit sa femme et fréquente régulièrement le commissariat où une nouvelle policière vient prendre la place d’Hanna Kruse. C’est Paula Morales, une jeune femme d’origine chilienne à peine caricaturale qui cumule les clichés : révoltée contre les injustices, anti raciste, agressive, un peuse t trop sérieuse, sans aucun sens de l’humour, vivant avec sa mère Rita (danseuse de salsa, plantureuse, sympathique, bonne cuisinière, exubérante) et mariée avec Johanna, enceinte grâce à un donneur de sperme. Comble d’ironie, le beauf Bertil Mellberg rencontre comme par hasard la mère de sa nouvelle recrue et sort avec elle. La pauvre dame est bien courageuse de fréquenter un idiot incorrigible qui recherchait l’amour (et qui s’était fait escroquer par une sexagénaire un peu trop séduisante dans un volume précédent). En bref, revirement total de la part du bonhomme limite raciste. Il devient presque sympa et se transforme en excellent compagnon, en papy gâteau pour le bébé qui naîtra. Et c’est tant mieux. Le nouveau Mellberg est supportable et finit même par convaincre la réticente Paula qui finit par s’adapter au commissariat et à ses collègues chaleureux. Pour en revenir à l’intrigue principale, Erika lit le journal de sa mère et la découvre jeune. Elle comprend pourquoi elle n’a pas été une maman affectueuse. Pendant la guerre, Elsy avait sa bande d’amis : les frères Frankel, Frans Ringholm et sa copine. Et elle tombe même amoureuse d’un beau Norvégien. Passé et présent se mêlent. Il y a des morts parmi les amis d’autrefois devenues des personnes âgées. Il y a des secrets qui sortent des tombes. Mais c’est beaucoup trop prévisible. Déjà grâce au titre, il n’est pas difficile de deviner ce qui a pu se passer durant la seconde guerre mondiale à Fjällbacka pour la jeune Elsy. D’ailleurs, j’ai tout de suite trouvé. C’est une histoire triste comme il y en a eu dans la réalité. Des jeunes filles ont été séduites par des jeunes gens… ennemis et il y a eu des « enfants allemands ». Voilà comment Erika et Anna se retrouvent avec un demi-frère nommé Göran et vivant à Göteborg. Je dis ça, je ne dis rien. On a tout compris et je vous épargne les longueurs de la vie quotidienne d’Erika et de Patrik aux prises avec son ex, avec son bébé et avec ses envies de travailler. J’oubliais Kristina, l’insupportable belle-mère d’Erika. Enfin, tout est bien qui finit bien. L’auteure règle ses comptes avec le nazisme et le fascisme au passage. A part les anecdotes de la vie du couple héros qui s’apprêtera à redevenir encore une fois parents (oui, spoiler, Erika attend des jumeaux et sa sœur Anna qui fréquente Dan tombera enceinte), le livre est triste. Il reste encore lisible malgré deux points précis. D’abord, les intrigues qui se multiplient embrouillent la clarté et perturbent le rythme de lecture. Ensuite, il y a beaucoup de longueurs sur la vie quotidienne des héros et de leur entourage (qui passent leur temps à cacher des secrets plus ou moins lugubres).