Le Nid du coucou par Camilla Läckberg
En théorie, c’est le dernier livre de la série de « Fjällbacka ». Mais quand on tient le bon filon, c’est difficile d’arrêter. C’est le cas avec Camilla Läckberg. Ici, plusieurs années après le premier volume, elle revient avec un sujet d’actualité : le manque de tolérance envers la communauté trans dans les années 1980. Dans tous les cas, l’histoire s’ouvre avec la réception des cinquante ans de mariage de l’écrivain Henning Bauer (pressenti pour le prochain prix Nobel) et de sa femme l’éditrice Elisabeth Bauer. Tout le gratin culturel suédois y est invité. Erika et son époux Patrik participent à cette fête. L’auteure de biographies de criminels est là car Louise Bauer (marié à Peter, fils d’Henning et d’Elisabeth) est une amie. Après une soirée arrosée, le réveil est difficile pour tout le monde. L’un des amis du couple Henning, le photographe Rolf est retrouvé mort alors qu’il préparait son exposition. Dès lors, la police enquête. Voici pour la première intrigue. La seconde est le crime horrible qui survient sur l’île privée des Bauer. Peter, le mari de Louise et ses deux garçons en bas âge sont assassinés. Rickard Bauer, le cadet parasite qui vit de l’argent donné par sa mère et provenant de chantages est accusé de meurtre car sa chemise est ensanglantée. La troisième intrigue appartient au passé. C’est celle de Lola une femme trans et de Pyttan, sa fille de six ans. Elle travaille comme serveuse dans un bar branché durant les années 1980. Elle est amie avec une bande d’intellectuels qui ont créé le groupe « Blanche ». Les membres en sont le photographe Rolf et sa compagne de l’époque, Esther, Elisabeth Bauer et Henning l’écrivain débutant qui prendra son nom. L’adorable et fascinante Lola appartient au monde de la nuit et écrit ses romans en secret dans des cahiers bleus. Mais le monde est cruel envers les femmes transgenres, surtout autrefois. Hélas, Lola et sa fille trouvent la mort dans un incendie. Bien sûr, quand Erika entend parler de cette histoire, elle veut y consacrer un livre. Elle mène son enquête à Stockholm. Pendant son absence, sa belle-mère garde les enfants. Avec son nouveau mari bricoleur, elle en profite pour redécorer la cuisine d’Erika… avec des murs terracotta et un four rose saumon ! Quoi qu’il en soit, l’écrivaine va aider à résoudre l’enquête. Je ne vais pas en dire plus car ce serait spoiler. Mais il faut dire que l’un des secrets m’a rappelé le best-seller de Joël Dicker, « La Vérité sur l’affaire Harry Quebert » paru en 2012 où l’un des personnages est un usurpateur. Ce n’est pas lui qui écrit le roman à succès mais une défunte. Eh bien, c’est pareil ici. La même chose. Rien d’original dix ans après la publication du roman du Suisse. Que dire de plus ? Pas grand-chose. Bien sûr, les deux points précis communs aux romans précédents sont toujours là. D’abord, on a les intrigues qui se multiplient. Elles embrouillent la clarté et elles perturbent le rythme de lecture. Ensuite, il y a trop de longueurs sur la vie quotidienne des héros et de leur entourage. Ici, on a la famille recomposée de Martin Molin et Mette Lauritsen (qui ont un enfant alors que chacun a le sien d’une précédente union). On a Bertil Mellberg qui a connu une évolution positive depuis le premier roman. De beauf à la limite xénophobe peu futé et égocentrique, il prend un visage plus humain. Amoureux de Rita qui est Chilienne, il apprend la tolérance. Il est même le grand-père parfait et affectueux de Léo (le fils de Johanna) et de Lisa (la fille de Paula). Quand Rita apprend qu’elle est atteinte d’un cancer, il la soutient envers et contre tout. Il se rase la tête lorsqu’elle perd ses cheveux, l’entoure de son amour. Il envisage même le suicide si elle meurt. Quel magnifique changement pour ce personnage qui est tout de suite plus sympathique. De son côté, Erika qui croit subir la ménopause est enceinte. Mais ce n’est pas une belle nouvelle pour elle. Ses enfants lui donnent déjà trop de travail. Elle pense à avorter. L’amniocentèse lui ôte ses scrupules : ni Patrik ni elle, n’ont la force d’accueillir un enfant porteur de handicap. Résultat, il n’y aura pas de quatrième enfant dans la famille Hedström. De leur côté, Anna et Dan pouponnent. Leur vie est merveilleuse. Tout est bien qui finit bien ? Non, car l’auteure laisse les histoires de la vie privée de ses personnages en suspens. Par exemple, le lecteur ne saura pas si Rita vaincra le cancer. Cela laisse penser qu’il y aura une suite un jour. On n’en a pas fini avec Fjällbacka. On ne va pas tuer la poule aux œufs d’or, non ? D’autant plus qu’il doit y avoir des sponsors puisqu’il y a des références à des marques de vêtements, de boutiques. Bref, du placement de produits. Alors, il devrait y avoir d’autres volumes sur la vie d’Erika.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire