samedi 15 mars 2025

Keleana, le trône de cristal

Keleana

 


Tome 1 de la série "Le Trône de cristal" : l’Assassineuse

Cette fois-ci, je n’ai pas trouvé « Keleana » dans une boîte à livres. Non, je ne l’ai pas ramassé, ni adopté, ni acquis dans une librairie en ligne ou réelle. Il m’a été prêté par l’une de mes amies. Oui, l’une de mes amies. Je ne résiste pas à l’envie de vous la présenter. Mademoiselle A, bientôt 17 ans, est une très grande lectrice. Elle adore dévorer des centaines de pages et cela sans le moindre effort. Ses goûts littéraires sont très variés et comme moi, elle aime la fantasy. L’esprit critique aiguisé, elle n’apprécie pas n’importe quoi. Seuls les meilleurs récits lui plaisent. Mademoiselle A ne possède pas de compte sur les réseaux sociaux. Elle partage ses coups de cœur avec ses copines, son entourage et maintenant avec moi. En conclusion, elle m’a prêté « Keleana » qu’elle a obtenu au prix concurrentiel de 9 euros 90, tarif « découverte ». Après m’avoir donné son avis sur la question, elle m’a demandé de lui dire ce que j’en pensais. Alors, j’ai commencé à « découvrir » « Keleana » toute seule, sans regarder sur Internet ce que les autres en disaient. J’avais déjà l’opinion de Mademoiselle A. Je devais me faire la mienne en attaquant le pavé. Déjà, je me suis posé la question. Qui est cette Sarah J. Maas ? Encore une autre Américaine. Décidément, en France, les éditeurs passent leur temps à acheter les bouquins outre-Atlantique au lieu de chercher les talents chez eux. J’ai résisté à la tentation d’aller voir sur Google qui était cette auteure. Je me suis dit : « pas d’à-priori », pas de jugement tout fait et surtout ne pas penser qu’il s’agit d’un énième clone d’une Shannon Messenger ou d’autres du même acabit. Si vous avez lu mes articles de blog ou mes commentaires, vous comprendrez à quoi je fais allusion. Je parle souvent de ces livres soi-disant écrits par une jolie jeune femme avenante et qui ne sont en réalité que le produit d’une grande équipe rédactionnelle complète. La fille ne fait que signer et surtout remercier de façon insistante et obséquieuse les lecteurs qui ont acheté le bouquin. Il faut soigner la clientèle et surtout l’inviter à acheter tous les volumes qui sortiront. Tout cela à coup de marketing agressif, de promotions. Ne connaissant pas qui est cette Sarah J Maas, j’ai différé mes recherches d’information et je me suis d’abord consacrée au texte. « Keleana », c’est l’histoire d’une jeune fille de 18 ans qui a toutes les qualités : belle, mince, blonde aux yeux bleus, athlétique, intelligente, forte, sûre d’elle. Merci pour les autres êtres humains qui en lui ressemblent pas et bonjour les clichés ! A une époque non précisée, dans un lieu encore plus flou, dans une série de pays inexistants mêlant des peuples divers (fées, trolls, magiciens, êtres avec du pouvoir ou sans, entre autres), des guerres font ravage… pour ne pas changer, bien sûr ! Des méchants ont pris le pouvoir et dominent les autres… comme d’habitude ! Bien sûr, c’est du déjà-vu bien répétitif. Dans cet univers, le lecteur rencontre Keleana, une « assassineuse ». Déjà, je ne comprends pas du tout ce terme. Nous avons le terme « assassin » pour désigner un tueur à gage. Pourquoi inventer des néologismes désagréables à l’oreille (au moins en français) ? Passons là-dessus. Keleana est l’une des prisonnières du pouvoir tenu par le roi d’Ardalan. Elle travaille comme esclave dans une mine depuis une année. Affamée, battue, amaigrie, sale de crasse, elle a pris la perpétuité. Un jour, un beau capitaine aussi antipathique que désagréable vient la chercher. Chaol Westfall traite Keleana devenue sa prisonnière avec brutalité. Avec elle, il prend des précautions comme si c’était Hannibal Lecter du « Silence des Agneaux ». Il ne faut quand même pas exagérer. Une misérable fille maigre ferait-elle peur à une armée d’hommes ? D’après l’auteur, on dirait bien. Keleana a la réputation d’être la plus redoutable des meurtrières. Chaol la présente au prince Dorian Havilliard, un autre top model aux yeux de saphir (c’est l’auteur qui le dit), aux cheveux noirs. Lors de l’entrevue, la petite maigrelette enchaînée entend les pires menaces de la part des deux garçons entourés de gardes. En bref, ils sont venus la sortir de son enfer afin qu’elle combatte lors d’une série d’épreuves organisées par le roi, père de Dorian. Choisie en tant que championne du prince, elle devra battre au moins une vingtaine de candidats qui appartiennent à la lie de l’humanité. Voleurs, assassins, hommes de mains tous condamnés sont les champions d’autres nobles. Tous doivent se battre jusqu’à la mort. Il y aura beaucoup d’épreuves et un seul sur les 23 en sera vainqueur. Certains des adversaires sont sympathiques comme Nox et d’autres simplement odieux comme Cain. Tous se défient et l’ambiance est tendue. Résumons : Keleana doit gagner toutes les étapes de la compétition, si elle veut être libérée un jour. Si elle échoue, elle retourne à la mine. Si elle s’enfuit, elle sera exécutée. Si elle refuse de participer, on la tuera. Keleana accepte car elle n’a pas vraiment beaucoup de choix. Dès lors, Chaol et Dorian l’emmènent au château de verre où le luxe règne. Une fois lavée, nourrie, Keleana doit s’entraîner chaque jour avant les épreuves… Sous la supervision du méchant capitaine qui finit par se laisser attendrir et séduire par la belle. Mais il le cache bien. De son côté, le prince est un coureur de jupons très volage. Il voudrait bien conquérir la rebelle qui ne lui est pas indifférente. Là aussi, le classique triangle amoureux se forme. Dans ce palais, la chipie de service arrive : Kaltain, pourtant fiancée à un affreux duc, est amoureuse du beau Dorian. Evidemment, elle déteste Keleana. Que dire de l’assassineuse élevée par le chef des assassineurs, un certain Arobyn ? Tous les stéréotypes sont pour elle : forte, dynamique, résiliente, redoutable, battante, déchaînée, combattive, exceptionnelle, intelligente, séduisante, courageuse, voire insolente et arrogante. Alors, c’est normal que Kaltain lui voue une haine féroce. Au fond, Keleana la terrible se comporte en gamine joviale qui aime plaisanter et charmer les deux garçons qui n’ont d’yeux que pour elle. Entre les deux, son cœur balance : Chaol le désagréable et Dorian le prince mystérieux qui lui permet l’accès à sa bibliothèque. Très bizarrement, elle aime la lecture et lit tous les manuscrits qu’on lui propose. Cela permet de passer le temps entre deux entraînements difficiles, une épreuve et une promenade au château de verre parmi les courtisans et sa nouvelle amie, la princesse étrangère Nehemia. Tous pensent qu’elle s’appelle Lillian, une simple voleuse de bijoux qui combat pour leur prince. Mais qui est vraiment Keleana ? Pas besoin d’avoir un don de voyance. Il est facile de savoir que c’est une princesse en exil recueillie par des Assassineurs et formée par eux. Elle devra combattre pour délivrer le monde des méchants. Mais pour le moment, dans ce premier tome, elle doit affronter des adversaires qui se font tuer au fur et à mesure que l’histoire avance (et part en vrille directement). Bien sûr, Keleana, Chaol et Dorian enquêtent. Qui peut bien massacrer les concurrents qui aspirent tous à la liberté ? Et là, l’invraisemblable se produit ! L’auteure sort des lapins de son chapeau : le fantôme de la reine Elena se manifeste pour aider Keleana, semble la protéger contre des forces maléfiques cachées dans le sous-sol du château et qui génèrent des monstres qui déchiquètent les rivaux concurrents. Le surnaturel tombe comme un cheveu sur la soupe pour justifier les manquements de l’intrigue qui est vraiment convenue, peu originale et plate. Comme on peut s’y attendre, Keleana va gagner le tournoi. Du statut de championne du prince Dorian, elle passe à celui de championne du roi, prêt pour de nouvelles aventures qui auront lieu dans les tomes suivants. Ce n’est pas spoiler puisque c’est tellement banal. Tous les lecteurs peuvent deviner ce qui se passe et surtout ce qui se passera. En bref, pour moi, il n’y a rien de neuf, rien d’original, rien d’intéressant. Je ne perdrai donc pas mon temps à lire la suite de ce remake d’Assassin Creeds (le jeu vidéo) au féminin avec une héroïne pâle copie de Lara Croft. Je ne conseille pas du tout la lecture de « Keleana », fruit d’un travail collectif, comme toutes ces séries made in USA.

Après avoir lu le pavé, je me suis renseignée sur l’auteure. Avec grande déception, j’ai constaté que je ne me trompais pas. Depuis ces dernières années, les Etats-Unis sortent chaque année des pseudo écrivaines produites en série. Des clones de poupées Barbie servent de prête-noms à des équipes éditoriales qui conçoivent des histoires en plusieurs tomes dans un but commercial. Ce n’est ni littéraire, ni créatif, ni artistique. C’est juste une affaire de gros sous. A coup de marketing, de critiques positives, d’éloges, de promotions, les éditeurs se font la guerre pour vendre. En plus, ils se moquent du monde en faisant croire qu’ils découvrent les auteures sur Internet, sur les Fanfictions. Dans ce cas, je me demande pourquoi ils ne choisissent pas les récits de jeunes qui publient gratuitement leurs œuvres sur Booknode (entre autres). Souvent, les inconnus écrivent mieux et sans l’aide d’une armada de concepteurs, de rédacteurs, de correcteurs, etc. Alors que ces éditeurs américains arrêtent un peu leur comédie ! Et comme c’est dans l’air du temps, puisqu’il y a un dirigeant outre-Atlantique qui veut élever les droits de douane pour les marchandises en provenance d’Europe, les Européens devraient à leur tour très lourdement taxer ces livres ni édifiants ni originaux (et se contenter de leur immense patrimoine culturel). En Europe, on a de la chance : on a de la véritable littérature ! On n’a pas besoin de cette sous littérature.

Mademoiselle A, qui a partagé sa lecture, a une opinion encore plus tranchée que la mienne : elle a vraiment détesté « Keleana » qu’elle a trouvé fade, inutile, ennuyeux, sans intérêt, voire répétitif et beaucoup trop prévisible. Elle non plus n’achètera pas la suite de la série interminable. Je ne peux pas lui donner tort.

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