En ce mois d'octobre, j'ai lu le dernier tome des "Gardiens des Cités perdues", du moins, l'ultime à cette date. Après un millier de pages, j'ai écrit :
"Sophie
Foster à l’école des elfes, tome 9… ou comment continuer à exploiter un bon
filon ad nauseam. Au lieu de mettre un terme aux aventures de leur jeune
héroïne, Shannon Messenger et son équipe rédactionnelle choisissent encore une
fois de tirer sur la corde déjà bien usée. Sans se gêner, ils reprennent le
schéma habituel des tomes précédents. D’abord, on a une très longue partie sans
action mais consacrée aux discussions, aux hésitations, aux querelles entre
personnages, aux suppositions inutiles sur les plans des Invisibles. Puis, une
succession d’événements, de batailles, d’affrontements s’accumulent en cascade
et à toute vitesse. Et pour terminer, l’histoire n’obtient pas de conclusion.
Le volume n’a donc pas de fin (et c’est la suite au prochain épisode pour en
savoir plus). En bref, rien ne change dans le procédé. Merci bien ! Après
avoir lu presque un millier de pages, le lecteur se retrouve sans aucune
réponse concrète. Ses questions restent sans réplique. C’est ce que de nombreux
lecteurs appellent le « suspens insoutenable » en attendant la sortie
du prochain tome qui recommencera à user du même artifice sans vergogne. Sophie
sauve le monde de façon provisoire après avoir beaucoup parlementé. N’est-ce
pas le serpent qui se mord la queue ? Les auteurs n’ont-ils pas
l’impression d’exagérer ? Bien sûr, à tous les coups, après avoir jeté
quelques louanges à ses précieux collaborateurs sans qui elle n’existerait pas,
Shannon Messenger déclare son amour pour ses fans, demande leur indulgence et
leur patience. Il faut bien ménager la clientèle afin de l’inviter à acheter le
prochain livre. Franchement, si elle tenait vraiment à se faire pardonner, elle
arrêterait les malheurs de Sophie directement. Elle pourrait également écrire
une fin définitive et la laisser à la disposition de ses fidèles lecteurs de
façon gratuite sur Internet. En effet, depuis des années, nombreux sont les
adolescents qui ont grandi avec la jeune elfe et qui ont payé environ une
vingtaine d’euros par ouvrage (ce qui donne dans les 200 euros pour la
collection intégrale). Ne le mériteraient-ils pas ? Mais le point final
n’est pas au programme. Visiblement, l’équipe a toujours besoin de plus
d’argent. Les jeunes lecteurs devront encore casser leurs tirelires ou
solliciter leurs entourages respectifs pour lire le futur dixième tome qui
selon mon intuition ne sera absolument pas le dernier. Bien sûr, on a aussi la
bande dessinée toujours en chantier et dont les trois premiers volumes
n’arrivent pas à résumer le tome I. Avec cela, le projet de film hollywoodien
existe. On aura certainement « Sophie, le retour » en film, en série.
Mais on n’en est pas là pour le moment. Si on se penche sur le tome 9 dont il
est question aujourd’hui, on n’apprend pas grand-chose. On pressentait le fameux
chapitre 42 où les deux amoureux tous deux difficiles à assortir s’avouent
enfin leurs sentiments. Le mauvais caractère de l’ex petit ami obnubilé par sa
vengeance personnelle laissait penser à une rupture. Alors, rien de nouveau
sous le soleil. Sinon, la personnalité de Sophie évolue de plus en plus mal.
Capricieuse, dès qu’elle se contrarie ou dès qu’elle se sent submergée par
l’embarras, elle s’arrache un cil. Depuis le temps, avec ce drôle de tic, elle
ne doit plus rien avoir autour des yeux. Soit elle porte des faux-cils, soit
elle ne peut plus mettre de mascara. A part cela, Sophie perd son sang-froid et
surtout sa constance. Révoltée, irréfléchie, incohérente, indécise, elle n’en
fait qu’à sa tête, ou plutôt varie selon les différents auteurs. C’est ce qui arrive
quand un livre est écrit à plusieurs mains : les personnages changent au
gré des humeurs des différents auteurs et en deviennent des girouettes. Bref,
l’instable Sophie se rend de plus en plus insupportable et il est difficile de
surfer sur ses états d’âme donnés par tant de personnalités diverses. A croire
qu’elle devient bipolaire, comme tous ses camarades dont certains perdent leurs
rôles et deviennent des personnages secondaires alors que les figures
insignifiantes de second ordre des livres antérieurs sont jetées au premier
plan. Malgré cela, on en reste au point mort. On ignore l’identité de Lueur,
celle d’Elyseus. On a toujours Lady Gisela et ses méchancetés (et chantages)
dignes d’une cour de maternelle. Elle veut le pouvoir et cherche une alliance
avec les trolls pour détruire les hommes. Pour ne pas changer… Après dix tomes,
j’avoue me questionner toujours. Déjà, je ne comprends pas cette histoire
d’Invisibles qui se prolonge. D’accord, ils ont des pouvoirs, sont méchants et
obéissent à leurs chefs qui se battent pour la suprématie. Leurs plans
imprévisibles surprennent en permanence Sophie qui ne parvient pas à les
comprendre. Or, la jeune fille n’est pas seule. Ses parents adoptifs, ses amis,
les conseillers l’accompagnent. Tous possèdent des pouvoirs redoutables. Mieux,
l’entière population elfique dispose d’une puissance considérable. Tous unis,
ils pourraient vite réduire à néant les Invisibles. Pourtant, ils sont
constamment mis en échec par trois imbéciles querelleurs gouvernés par trois
pelés et deux tondus (et surtout deux vieilles que l’auteur décrit comme des
poupées liftées – Lady Gisela dont le second prénom est « Minette »,
ce qui veut tout dire et Lady Vespéra sa rivale). Sérieusement ? Le monde
elfique ne se défend pas malgré son expérience et aurait besoin d’une Super
Sophie et de ses acolytes ? Que penser ? Des adolescents en crise qui
ne maîtrisent pas encore tous leurs pouvoirs seraient la seule ressource d’un
peuple millénaire d’elfes pourtant doté d’expérience contre une poignée de
dissidents ? Mais quelle invraisemblance ! Pauvres elfes, ils avaient
besoin de Sophie et de ses camarades dont la fameuse Biana qui s’éclipse,
parvient à se rendre invisible au fil des tomes et est toujours cachée pendant
que les autres discutent en privé. Les éclipseurs toujours cachés pour
espionner, les télépathes qui lisent dans les pensées des autres et les autres
ont bien des côtés agaçants. Et avec cela, tous sont parfaitement inefficaces.
Ils se battent tout le temps. Cependant, les Invisibles courent toujours. Que
penser des elfes de manière générale ? J. R. R. Tolkien les a remis au
goût du jour alors que ces créatures appartiennent aux légendes nordiques. Ces
petits êtres comparables à des sylphes et des nymphes sont des divinités de la
nature et de la forêt (pour simplifier, bien sûr). L’écrivain britannique en a
fait des tops model combattifs et parés de qualités (vaillance, noblesse d’âme,
beauté). Presque immortels, ils portent des oreilles pointues… Shannon
Messenger et son équipe n’ont pas de scrupules : ils se servent chez
Tolkien et ont même de l’humour. Ils racontent que l’écrivain qui leur sert de
source et de modèles n’a rien compris du tout, ne sait rien et est même allé au
pays des elfes. Bref, Tolkien a vu des terriers et les a transformés dans ses
livres en maisons de hobbits. Là encore, c’est une plaisanterie. Maintenant,
c’est Tolkien le copieur et l’usurpateur ? Heureusement qu’il date du
siècle dernier, ce qui nous prouve tout de même que ce n’est pas lui qui a eu
le courage de lire les « Gardiens des Cités perdues » et de s’en
servir pour écrire le « Seigneur des Anneaux ». Il ne manquerait plus
que ça ! Dans ses textes, Tolkien a au moins la décence de se consacrer
uniquement au monde fantastique. Les humains n’entrent pas en jeu. Au moins,
nous, pauvres mortels, ne passons pas pour des imbéciles. Par contre, avec
Sophie, les humains semblent fragiles, bêtes, juste bons à détruire la Terre.
Nous sommes les inutiles de service que Lady Gisela veut asservir grâce aux
trolls. Mais personne ne lui a dit à celle-là que les humains sont plus
redoutables que quiconque ? Il n'y a qu’à suivre l’actualité
internationale pour comprendre que face à nous les mortels, il n’y a pas de
Lady Gisela qui tienne (et pas non plus de Sophie et toute sa bande). J’en
aurais encore beaucoup à ajouter. Je préfère m’arrêter là et faire mes adieux à
Sophie que j’avais trouvée sympathique durant quelques tomes. Toutefois,
lorsque cela se prolonge et que cela part en vrille, il est très difficile de
ne pas être rebutés. Shannon Messenger et son équipe devaient écrire le mot
« Fin » pour que les aventures de Sophie restent un beau souvenir.
Pour ma part, je ne crois pas que je vais lire le tome 10 non encore paru et
les autres qui suivront. Je ne crois pas non plus que la maison d’édition Lumen
m’enverra les futurs bouquins (car j’ai bien lu des commentaires très élogieux
de lecteurs qui remercient les éditeurs de leur avoir adressé les livres). Je
n’aurais pas cette chance (ou cette malchance car il faudrait alors lire encore
des milliers de pages) car mes commentaires sont sincères. Désolée, si quelque
chose me déçoit, je le dis. Si quelque chose m’enthousiasme, c’est pareil. Et
là, j’ai fait l’effort de lire mais cela me suffit. Donc, on ne me donnera rien.
Peu m’importe de savoir qui sont les méchants, quelles sont leurs identités,
qui est le père de Sophie (déjà qu’elle déteste sa mère biologique et en fait
tout un plat au lieu d’être heureuse) ou comment les elfes vont sauver
l’humanité des griffes des Invisibles et de leurs vieilles cheftaines trop
maquillées. On n’a pas besoin de tout ça. Point barre."

Et là s'achève mon aventure avec les "Gardiens des cités perdues". Je refuse de continuer. Cela devient barbant, répétitif et cela ne fait plus rêver. De toute façon, le tome qui paraîtra en décembre 2024 ne sera pas le dernier. D'après ce que j'ai vu sur Internet, ce n'est pas le tome 10 qui sort mais le 9,5 ! Quelle déception !