vendredi 17 octobre 2025

Les Contes interdits

 

D’après l’idée originale d’un auteur que je ne connaissais même pas, une maison d’édition québécoise a décidé de publier des contes détournés. Divers écrivains se chargent de nos classiques préférés pour les transposer dans le monde moderne. Pour le principe, c’est une bonne initiative. Revisiter les textes anciens peut donner des œuvres nouvelles. En plus, quand ce sont plusieurs auteurs, c’est encore mieux. Les écrivains ont tous une vision différente. Les volumes sont donc de style hétérogène. C’est enrichissant. Chaque récit est une surprise, et ça, c’est en théorie… pour le principe. Le résultat est bien différent.

L’écrivain qui dirige le projet est appelé par ses collègues « l’instigateur » de la collection. Bien sûr, Simon Rousseau a fait appel à ses amis pour augmenter le nombre des volumes, ce qui doit faire une sacrée bonne équipe. Il a imposé une sorte de fil rouge pour chaque histoire qui se passe au Canada, à notre époque. Les points communs incontournables sont : transposer les contes dans le genre de l’horreur et de l’érotisme pour adultes. Et là, même s’il est indiqué que « Les Contes interdits » sont destinés à un public averti, le lecteur ne s’attend certainement pas à ce qu’il va y trouver. Au fur et à mesure, il découvre des résultats vraiment très variables qui n’oublient ni les descriptions macabres, ni les descriptions sexuelles à profusion et surtout la pornographie intégrale.

 

Je ne vous cache pas que j’ai été plus que choquée par ce que j’ai trouvé dans ces bouquins. Dès que j’ai commencé la lecture du premier, j’en suis tombée de ma chaise. Mais j’ai tout de même persisté à lire d’autres ouvrages. Etant donné que j’avais reçu en cadeau des livres électroniques de la collection, j’ai continué ma lecture pour voir jusqu’où oseraient aller les écrivains. Il n’y a pas à dire, ils sont allés très très très loin. Un peu trop, d’ailleurs. Comment parler de manière générale et dans l’ensemble de plusieurs livres ? Ce n’est pas évident. Parfois, les intrigues sont bien tournées. Mais dans tous les cas, l’horreur est omniprésente. Les scènes de torture gratuites très fréquentes sont décrites avec une pléthore de détails atroces. Il faut avoir le cœur bien accroché devant de telles descriptions tellement dégoûtantes.

L’horreur se mêle aussi à la plus grande vulgarité. Les écrivains semblent s’en donnent à cœur joie en avilissant leurs personnages féminins. Grâce à eux, l’image de la femme est vraiment écornée. Humiliées, salies, sans cesse agressées sexuellement, les héroïnes de contes de fée vivent un véritable cauchemar permanent jusqu’au bout et sans rédemption possible. Désolée, mais il faut que je l’écrive, ce ne sont que fellations à gogo, en veux-tu en voilà. Mais le pire, c’est la pédophilie. Hélas, les enfants ne sont pas mieux traités que les femmes. C’est pitoyable, à vomir.

C’est à croire que ces messieurs s’amusent à coucher sur le papier les pires fantasmes sexuels, les instincts meurtriers, l’acte sexuel à travers le sadisme et la torture, sans limites… Et les écrivaines choisies pour écrire quelques livres les imitent bien. Elles ne sont pas en reste, bien au contraire. De quoi rassasier l’appétit des malades, des obsédés sexuels et des pervers.

De temps à autres, certains auteurs répugnent à aller aussi loin que leurs collègues. Chez eux, l’horreur reste plus modérée. Ils préfèrent le suspense insoutenable et quand les descriptions écœurantes sont épargnées, c’est davantage réussi. Bref, il y en a pour tous les goûts sans mauvais jeux de mots. Le lecteur aimera ou pas. Pour ma part, je n’ai pas apprécié du tout. Après avoir lu pas mal de ces livres, j’ai arrêté. D’habitude, j’arrive jusqu’au bout. Mais là, c’était impossible. Trop de violence barbare, gratuite et tout ça a fini par me dégoûter. Le pur sadisme, ce n’est pas pour moi (et sûrement pas non plus pour beaucoup de monde). La liberté d’expression, d’accord, mais pas à n’importe quel prix.

Les « Contes interdits » devraient vraiment l’être parce que l’imagination débridée des auteurs pourrait bien inspirer de véritables tueurs et des violeurs. Si jamais un jour quelqu’un se met à imiter les personnages de fiction, ce sera une catastrophe. En cherchant un peu sur Internet, l’un des auteurs de la collection est passé devant un tribunal canadien à la suite d’une plainte en raison des descriptions de violence sur des enfants. Je me suis demandé pourquoi un seul écrivain a été blâmé en raison de l’apologie de la pédophilie. Justement, il n’est pas l’unique auteur de cette collection à le faire. Pour être vraiment équitable, la justice ne devait pas se contenter de pointer du doigt un seul individu. Il fallait condamner en bloc tous les auteurs, le directeur de collection et la maison d’édition. La justice du Canada ne semble pas l’avoir fait. Alors, pourquoi s’être attaquée à Yvan Godbout uniquement et pas à tout le lot ? Il vaut mieux renoncer à comprendre.

Le pire c’est que les Canadiens veulent adapter les livres en séries de films à exporter dans le monde entier. Espérons que cette ambition n’aboutira pas. Qu’ils gardent leurs précieux contes pour eux. On a assez de poubelle chez nous en Europe pour recevoir en plus celle des autres.

Pour terminer, ma réaction a été de demander à l’ami qui m’avait offert le pack ce qui lui était passé par la tête. Pour toute réponse, j’ai entendu : « Je savais que tu es une fan de contes de fées et ça pouvait être sympa ». J’ai voulu savoir alors ce qu’il en avait pensé. Et là, la personne m’a dit qu’elle n’avait lu aucun des livres qu’elle avait téléchargés pour moi. Alors là, pour une surprise, c’en était une (et une énorme). Heureusement, il n’a pas payé un centime pour avoir ces livres électroniques. Il les a trouvés sur un groupe de partage sur les réseaux sociaux. Me voilà complice à mon insu d’un club de piratage ! Là, « Les Contes Interdits » y ont du succès mais ça ne rapporte rien à la maison d’édition. C’est le karma et c’est bien mérité quelque part. Cependant, même gratuits, je ne souhaite pas poursuivre ma lecture. Déjà, j’en ai trop lu, c’est plus qu’assez.


 

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