vendredi 11 juillet 2025

La Cellule de verre

Philip Carter est un ingénieur américain tout à fait ordinaire. Il est marié avec Hazel et ensemble, ils ont un enfant, Timmy. Un jour, sa vie bascule. Insouciant et concentré sur son travail, il ne vérifie pas les documents que ses collaborateurs lui font signer. Et là, il est victime d’un abus de confiance. Il est littéralement accusé de fraude. C’est lui que l’on condamne à de la prison ferme alors qu’il est innocent. Dès lors, sa vie devient un cauchemar.

Patricia Highsmith s’inspire de la réalité. Très bien documentée, elle décrit la véritable situation des prisonniers de son époque. Dans les années 1960, leurs conditions étaient particulièrement inhumaines. Aussi, à travers son roman, elle en profite pour dénoncer les injustices causées au quotidien. Le livre commence par une scène de violence. Philip Carter partage sa cellule avec un prisonnier particulièrement hargneux qui le harcèle de façon gratuite. Par la faute de ce véritable délinquant, c’est l’innocent qui se fait agresser par les gardiens de prison tout aussi corrompus et sadiques que les pires des meurtriers. Philip Carter est puni pour rien. Mis en cellule d’isolement, il est suspendu par les pouces. Torturé de façon cruelle et gratuite, il finit par devenir handicapé. Ses souffrances sont telles qu’il est obligé de s’injecter de la morphine. Il passe du temps à l’infirmerie où le médecin le soigne. Durant cette période, les autres détenus le gênent moins. Il attend la révision de son jugement mais il n’y a rien à faire. Il passera bien les six ans de prison prévus. Résigné, il essaye de survivre. Il se fait même un ami avec qui il parle le français et discute littérature. Malheureusement, lors d’une émeute, son seul camarade meurt. Déprimé, Philip Carter change de caractère. De doux et paisible, il passe à violent sans conscience. Pour ajouter à cela, il soupçonne sa femme Hazel de le tromper avec David Sullivan, l’avocat qui doit le défendre et lui obtenir la grâce qu’il ne l’aura pas. Les années passent et quand l’ingénieur sort, il est transformé. Il part rejoindre son épouse et son fils à New York où il cherche du travail. Mais un ancien prisonnier a des difficultés à s’intégrer. Par miracle, David l’avocat lui trouve un travail. Philip accepte mais est mécontent de cette aide providentielle car tout a un prix. Sa femme est toujours la maîtresse de l’avocat. Ce dernier a pris la place dans le cœur de ses proches. A juste titre, Philip se sent dépossédé de sa vie. Tout lui échappe. Hazel feint la fidélité alors qu’elle ressent de l’indifférence. Même son propre fils qui le repousse ressent de l’affection pour son rival. Bien évidemment, la haine monte en lui. L’auteure décrit habilement ce crescendo d’émotions négatives. Le lecteur ne peut s’empêcher d’éprouver de la compassion pour le pauvre homme que la société a changé pour le pire. Au fur et à mesure, il perd pied. Philip souhaite se venger de tous ceux qui l’ont trahi. Cela tombe bien car l’ennemi de l’avocat le harcèle et le pousse à la vendetta. Le drame finit par arriver. Puisque l’avocat ne veut pas renoncer à Hazel, Philip souhaite lui parler. Or, il profite d’une opportunité pour le tuer d’un coup du plat de la main, technique enseignée par un détenu en prison. Le voilà débarrassé d’un gêneur. Mais il n’est pas pour autant heureux. Sa femme et son fils pleurent David et la police est sur son dos. Il figure en tête de liste des suspects. Cependant, endurci par son long séjour en prison et au caractère bien différent, il sait désormais garder son sang-froid. Capable de répondre, il ne se laisse ni impressionner ni déstabiliser par le harcèlement policier. Tout au contraire, avec un bel aplomb, il tient tête à l’inspecteur qui veut le faire avouer. Mais sans aucune preuve formelle en dehors de suspicions, personne ne peut arrêter Philip. Même si la police le menace de le « tenir à l’œil », il reprend sa vie en main. A force, Hazel devine qu’il a éliminé son rival et finit par se résoudre à accepter la situation. Elle ne le refuse plus et se décide à endosser son rôle d’épouse comme si rien ne s’était jamais passé. A l’exception que l’expérience désastreuse en prison a changé à tout jamais un honnête homme en meurtrier cynique, violent et instable. Cette métamorphose due à la société et les conséquences qu’elle entraîne sont dénoncées par l’auteure.

Le roman n’est pas mal, même s’il traite d’une situation triste, voire révoltante. C’est le témoignage d’une époque passée. On espère tout de même que les choses ont changé et se sont améliorées depuis. Je conseille la lecture de la « Cellule de verre », mais vraiment, ce n’est ni réjouissant, ni drôle. Mais heureusement, après tant de pages à l’ambiance lourde et parfois antipathique la fin me laisse satisfaite.


 

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