Danse
macabre (titre original : Night Shift)
est un recueil de nouvelles de Stephen King publié en 1978. La plupart des nouvelles le
composant sont parues précédemment dans divers magazines. Leur qualité est
variable, tout comme les thématiques traitées. L’auteur hésite aussi avec le
genre : ésotérisme, science-fiction, anticipation, policier, le lecteur
choisit ce qui lui plaît. Les titres sont éloquents. Ainsi, on trouve :
« Celui qui garde le vers », « Poste de nuit », « Une
sale grippe », « Comme une passerelle », « La
presseuse », « Le Croque-mitaine », « Matière grise »,
« Petits Soldats », « Poids lourds », « Cours, Jimmy,
cours », « Le Printemps des baies », « La Corniche »,
« La Pastorale », « Désintox, INC », « L’Homme qu’il
vous faut », « Le dernier barreau de l’échelle », « L’homme
qui aimait les fleurs », « Un dernier pour la route »,
« Chambre 312 ». Il y en a pour tous les goûts.
Attention :
spoiler… Parce que pour donner son opinion, il faut pouvoir raconter un peu
chaque histoire et ça va être long.
« Celui
qui garde le ver »
En
1850, Un homme nommé Charles Boone a hérité d’une demeure familiale. Il est
accompagné par son serviteur, Calvin Mc Cann. Il découvre la maison que les
habitants du pensent maudite. Et là, des bruits étranges viennent perturber la
tranquillité. Charles croit qu’il y a des rats dans les murs. Quand il trouve
la carte d’un village abandonné appelé Jérusalem s’ lot, il décide d’aller la
visiter avec Calvin. A l’intérieur de
l’église, ils trouvent un livre en latin. C’est le « De Vermis
Mysteriis » (ou les « Mystères du ver »). Le sol tremble
aussitôt et l’ouvrage tombe. Au fur et à mesure, en lisant le journal de son
grand-père, Charles apprend la vérité : son grand-oncle Philip se servait
de ce livre pour des cérémonies occultes maléfiques, ce qui a contribué à la
disparition du village. Chef d’une sorte de secte, Philip a acheté le fameux
livre avec l’intention de réveiller le ver. Charles veut brûler le livre et
retourne dans l’église avec Calvin. Des morts-vivants les attaquent. Là, Charles
invoque le ver. Calvin meurt. Désespéré, Charles se suicide afin de supprimer
ce ver. L’histoire ne s’arrête pas là. Dans les années 1970, James Robert
Boone, un descendant hérite de la demeure. Il lit les papiers de son ancêtre et
le pense fou. Arrivé sur place, il entend des bruits à l’intérieur des murs. Il
croit qu’il y a des rats… Le lecteur peut imaginer que l’histoire recommence.
Le retour du ver… Stephen King reprend à la fois le « Repaire du vers
blanc » de Bram Stoker et « The rats in the Wall » de H.P.
Lovecraft. Le récit est lent à démarrer et est fait à travers les écrits de
Charles, ceux de Calvin. C’est déroutant. Personnellement, j’ai moyennement
aimé.
« Poste
de nuit »
Une
équipe d'ouvriers est réquisitionnée afin de nettoyer les sous-sols abandonnés
d’une filature. Hall est l’un de ces hommes qui descendent à contre-cœur dans
ce lieu obscur très sale et non entretenu depuis une dizaine d’années au moins.
La peur de perdre son travail et les menaces à peine voilées de Warwick son
supérieur le poussent à se sacrifier. Il décrit alors ce qu’il voit. Et là,
c’est un spectacle à faire peur : une immense colonie de rats occupe les
sous-sols. Mais ce ne sont pas des animaux normaux. Plus agressifs,
intelligents, très dangereux, ils ont subi des mutations. L’aspect affreux de
ces bêtes, l’obscurité forment une ambiance glauque. Pas besoin d’avoir la
phobie des rongeurs pour avoir peur. Quand l’auteur évoque des milliers de rats
et leur reine plus grande qu’un bœuf, le lecteur peut frissonner. C’est bien ce
qui arrive au malheureux héros voit son chef se faire dévorer, avant de mourir
de la même mort. Mais l’histoire ne s’arrête pas à la fin de la première
équipe. Une autre va prendre le relai. On peut se douter de ce qui va se
passer : ils vont se faire dévorer aussi. La nouvelle reste noire et
démoralisante car le pauvre Hall ne parvient pas à se sauver.
Cela
me laisse une mauvaise impression.
« Une
sale grippe »
Bernie,
le narrateur, raconte… Une « grippe » venue d’Asie a décimé une
grande partie de l’humanité. Des adolescents survivants d'un virus dit A2 tuent
le temps sur une plage. Ils croisent un homme atteint du dernier stade de la
maladie et le brûlent. Tous pensent être immunisés contre la nouvelle variante
du virus nommé A6. Or, l’un d’entre eux révèle à Bernie qu’il ressent des
symptômes étranges. Cela veut dire que tous les rescapés sont contaminés et ne
vont pas tarder à mourir eux aussi. La nouvelle ne se termine pas de façon
positive. Il n’y a pas d’espoir. Le monde finit. Ecrite à la fin des années
1960, l’histoire parle d’une pandémie. Ça vous dit quelque chose ? Moi, je
vois des coïncidences étranges. En fait, Stephen King anticipe les années Covid
sans le savoir ! Quelle clairvoyance ! Heureusement pour nous, le
terrible virus venu d’Asie n’a pas anéanti le genre humain. Malgré un nombre
impressionnant de victimes, nous sommes toujours là (et moi aussi, puisque
j’écris encore). Même si la nouvelle n’est pas optimiste du tout, ça m’a laissé
une drôle d’impression. Stephen King est un visionnaire !
« Comme
une passerelle »
Arthur
est un ancien astronaute devenu handicapé. En mission sur Vénus, il a été
exposé à une sorte de virus. Cette maladie mutagène extra-terrestre se
manifeste quelques années après. Arthur voit ses mains se couvrir de cercles
rouges qui se transforment en yeux bizarres. Déconcerté, l’homme se demande
quoi faire. Il bande alors ses mains pour les neutraliser. Mais un jou, il
oublie les bandages. rPeu à peu, les yeux semblent prendre possession des mains
qu’ils colonisent. Commandé par cette sorte d’intelligence, Arthur tue un jeune
homme. Horrifié, il se confie à son meilleur ami, Richard. Aussitôt, les yeux
essaient de le pousser à tuer son ami. Pour éviter de le faire, Arthur
s’ébouillante les mains et les perd. En même temps, il vient de se débarrasser
de ces yeux. Quelques années passent. Le héros n’a plus de mains main deux
crochets à la place. Quand il s’aperçoit que des yeux sortent de sa poitrine,
il comprend qu’il a perdu sa guerre. Infecté durant son voyage spatial, il sert
désormais de « passerelle » extra-terrestre. Les aliens veulent
coloniser la Terre. Alors Arthur décide de se suicider. Là encore, ce n’est pas
optimiste. Heureusement, il y a de l’espoir car l’astronaute se sacrifie pour
sauver l’humanité. C’est triste.
« La
Presseuse »
John
Hunton est un inspecteur de police. Il enquête sur une série d’accidents très
étranges survenus dans une blanchisserie. D’abord, une employée est écrasée par
une presseuse. Après ce décès, une autre employée est brûlée par un jet de
vapeur provenant de cette même machine. Le policier découvre qu’avant ces
événements, une employée, Sherry Ouellette s’était déjà coupé la main. Trois
fois de suite, ça intrigue John Hunton qui finit par en discuter avec un
professeur d’anglais du nom de Mark Jackson. Celui-ci pense que la machine est
possédée. De fil en aiguille, il s’avère bien que c’est la vérité. L’enseignant
veut faire un exorcisme pour arrêter le massacre. Cela tombe mal puisqu’il se
fait tuer à son tour. Le policier se sauve en voyant cela. Mais la machine bien
vivante et dotée d’un esprit a bien l’intention de le poursuivre et de le tuer…
Ce n’est pas trop mal. L’auteur recycle ses expériences passées. Il a travaillé
dans une blanchisserie. Cela l’a certainement marqué puisque le « Blue
Ribbon » figure dans d’autres romans « Carrie » et bien sûr
« Chantier » (à qui j’ai dédié mon dernier commentaire). C’est
récurrent.
« Le
Croque-mitaine »
Qui
n’a jamais eu peur du monstre caché dans le placard ? Tout le monde, bien
sûr. Ce ne sera pas Lester Billings qui dira le contraire. Cet homme qui a
perdu ses trois raconte son histoire à un psychologue. Officiellement, la mort
subite du nourrisson, des convulsions et un accident sont responsables de ces
morts. Or, il n’en est rien. C’est bien le croque-mitaine qui terrorisait les
enfants qui les a tués et l’épouse de Lester, Rita, le sait bien. D’ailleurs,
elle le quitte. Désespéré, l’homme éprouve le besoin d’aller voir un psy. A la
fin de la consultation, le praticien lui dit de prendre rendez-vous avec la
secrétaire. Puis, il retourne sur ses pas et découvre la porte d’un placard
ouvert. Le monstre est là. A la main, il tient le masque du professeur… Je n’ai
pas vraiment compris ce qui se passe après car le récit s’arrête-là. Le
croque-mitaine qui est partout persécute Lester. Va-t-il le tuer ou se
contente-t-il de le torturer ? Que doit-on penser encore ? Lester
a-t-il lui-même tué ses enfants et se dédouble-t-il lors du récit ?
L’auteur reste vague et laisse le lecteur interpréter à sa façon. La solution
existe, même si je ne l’ai pas trouvée. En tout cas, dans « Cujo »,
il y a la reprise des peurs des enfants.
« Matière
grise »
Il
n’est pas question de cerveau dans cette nouvelle, à moins que l’auteur ne
fasse allusion au manque de matière grise de Richie Grenadine, le personnage
principal, un alcoolique qui vit reclus chez lui. Lors d’une tempête de neige,
Timmy, le fils de Grenadine se rend à l’épicerie locale. Les clients habituels
s’inquiètent de voir cet enfant s’approvisionner de packs de bière pour son
père que personne n’a revu depuis un moment. L’épicier, Henry interroge
l’enfant qui confie de drôles de choses. Il semblerait que Richie Grenadine se
soit transformé en masse gélatineuse grise et qu’il ait mangé un chat mort.
Etant donné qu’il y a eu des disparitions, Henry et ses clients veulent aller
voir de leurs propres yeux. En entrant, ils prennent peur et se sauvent, sauf
l’épicier qui est armé… En bas, les peureux entendent des coups de feu. On ne
sait pas qui redescendra de la pièce plongée dans le noir. Henry a-t-il
survécu ? Le lecteur peut imaginer la fin qu’il veut.
« Petits
soldats »
De
retour de l’une de ses missions, John Renshaw, un tueur à gages, reçoit un
paquet contenant des jouets représentant des petits soldats. Coïncidence, il
vient d’éliminer le propriétaire d’une entreprise de jouets. Peu importe, le
tueur veut se détendre chez lui. Or, les petits soldats se mettent en mouvement
et le menacent. John ne se rend pas. Alors, ils se mettent tous à l'attaquer.
L’auteur décrit très précisément ce « jeu » de guerre où les petits
personnages ainsi que leurs minuscules machines et leurs mini-armes partent à
l’assaut d’un méchant tueur à l’image d’un Gulliver contre les Lilliputiens.
Bien évidemment, les petits soldats ont une arme de plus. C’est le bonus de la
boîte, soit une bombe atomique en modèle réduit. Hélas pour lui, John Renshaw
perd et meurt. A son tour, il est victime de la vengeance de la mère du PDG de
l’entreprise de jouets qu’il a assassiné. Là encore, l’auteur aime montrer la
rébellion des objets contre l’homme. C’est fantastique et sombre à la fois. De
quoi avoir peur des petits soldats de plomb…
« Poids
lourds »
Bien
avant l’arrivée de l’intelligence artificielle, Stephen King aborde le thème de
la révolte des machines contre leurs créateurs. Ici, ce sont les camions qui se
rebellent. Les personnages principaux sont un narrateur non caractérisé,
un cuisinier, un chauffeur
routier, un représentant de commerce, un jeune homme nommé Jerry et sa petite
amie. Tous se retrouvent piégés dans un relais routier au moment tous les
camions de l'endroit s’animent et tuent tous les humains qui passent. A peu de
chose près, on imaginerait les Transformers… Lorsque l’un des camions tombe en
panne, celui-ci envoie des messages en morse afin de demander de l’aide aux
humains qu’il menace. Bien évidemment, le groupe refuse. Il s’ensuit une
bataille car un bulldozer écrase le bâtiment où se sont réfugiés les humains.
Jerry et le chauffeur routier sont tués. Les survivants acceptent d’aider au
ravitaillement des camions. A final, les machines se sont révoltées afin de
réduire les hommes en esclavage. Le narrateur pense que le monde deviendra
ainsi. Un avion passe et il se demande qui le dirige. Il pourrait dire :
« Y a-t-il un pilote dans l’avion ? ». Là encore, l’auteur
exploite l’angoisse des hommes au sujet des machines. Et si elles pouvaient se
révolter ?
« Cours,
Jimmy, cours »
Jim
Norman a vécu un traumatisme durant son enfance. Son frère Wayne a été tué par
des jeunes délinquants. Jim grandit avec ce souvenir. Il se marie avec Sally.
Devenu professeur d'anglais, tout semble lui réussir. Or, un jour, il voit
arriver dans sa classe de nouveaux élèves. Ceux-ci ressemblent aux agresseurs
du passé. C’est un véritable cauchemar qu’il revit. L’histoire se répète. Les
délinquants qui voulaient le poursuivre sont de retour. Ils tuent Sally.
Troublé par ces coïncidences, il s’informe. Et là, il comprend que les
harceleurs sont morts et sont revenus de l’Au-delà pour le persécuter. Afin de
leur échapper, Jim fait un pacte avec un démon. Il lui sacrifie ses index. Le
démon le débarrasse de ses ennemis, mais lui dit avant de partir, qu’il reviendra.
Jim craint que son angoisse ne finisse jamais… Entre ésotérisme et horreur, la
nouvelle est mystérieuse. Le lecteur peut avoir de l’empathie pour la pauvre
victime.
« Le
Printemps des baies »
Le
« printemps des baies » est un redoux accompagné de brumes nocturnes
suivi par le retour de l'hiver. Ce phénomène climatique n’est pas fréquent.
Dans la nouvelle, il coïncide avec une période qu’un homme connue par le
narrateur. Celui-ci raconte ses souvenirs datant du temps où il faisait ses
études. En 1968, un tueur en série surnommé « Jack des brumes »
terrorisait le campus en assassinant des étudiantes. Comme tous ses amis, le
jeune homme avait peur de voir disparaître des filles qu’il connaissait. Toutefois,
après une psychose générale, les crimes s’arrêtent en même temps que les
conditions météorologiques. Huit ans plus tard, au retour du « printemps
des baies », le narrateur apprend avec effroi la résurrection de
« Jack des brumes ». Le journal annonce l’assassinat d’une femme.
Soudain, le narrateur constate qu’il a un grand trou de mémoire. Il ne se
souvient pas du tout de ce qu’il a fait au moment du meurtre. Il a découché et
sa femme le soupçonne d’avoir passé la nuit avec une autre femme. Puis, d’un
coup, il pense au coffre de sa voiture. Il n’ose pas l’ouvrir car il craint que
sa femme n’ait raison : il était bien avec une femme, mais pas pour les
raisons qu’elle croit… Et le lecteur le comprend. C’est lui le tueur en série.
La chute qui surprend est excellente. Ce n’est pas mal.
« La
Corniche »
Stan
Norris est un professeur de tennis. Il a une liaison avec Marcie, l’épouse d’un
mafieux nommé Cressner. Celui-ci découvre cette relation et fait convoquer
l’amant. Au lieu de se venger, il lui propose un pari : s'il parvient à faire
le tour extérieur de son appartement par l'étroite corniche située à plusieurs
dizaines de mètres au-dessus du sol, il le laissera partir avec son épouse
infidèle et lui donnera même de l’argent. C’est dangereux mais Stan n’a pas le
choix. Soit, il accepte et prend le risque de tomber et de mourir, soit il
refuse et meurt immédiatement, exécuté par le garde du corps de Cressner.
Alors, Stan se décide à faire le tour de ce balcon. Le temps est mauvais. Il
fait froid, il y a du vent, même les éléments sont contre lui. A tout instant,
il risque de tomber. Il affronte même un pigeon installé sur la corniche, ce
qui manque de le déséquilibrer. Après des heures de suspens insoutenable, Stan
parvient à gagner le pari. Il rentre sain et sauf à l’intérieur de
l’appartement. Cressner donne l’argent promis mais avoue avoir fait tuer sa
femme. En apprenant la mort de sa bien-aimée, Stan agresse le garde du corps,
s’empare de son arme et menace Cressner. A son tour, le délinquant doit se
promener sur la corniche. Le pari reprend : si Cressner gagne, Stan lui
laissera la vie. Mais en réalité, le professeur de tennis n’a pas du tout
l’intention d’épargner l’assassin. L’histoire est triste mais pleine de
suspens. Pour une fois, le héros a la vie sauve. Mais comme l’auteur s’arrange
pour que tout puisse se terminer mal, la pauvre Marcie meurt. Mais au moins,
elle est vengée. Ce n’est pas mal.
« La
pastorale »
Harold
Parkette n’a pas envie d’entretenir son jardin. Alors, il appelle l'entreprise
« La Pastorale » afin de faire tondre sa pelouse. Un jardinier arrive
à son domicile et se met au travail. Parkette s’endort. A son réveil, il voit
que la tondeuse fonctionne toute seule. Mieux, le jardinier tout nu, rampe
derrière la machine en broutant l'herbe coupée. Harold s'évanouit quand la
tondeuse tue une taupe et que l'homme la mange ensuite. Lorsqu’il revient à
lui, l’homme constate que le travail demandé a été presque réalisé. Il lui
apprend que la société « La Pastorale » appartient au dieu grec Pan.
Si jamais un client n’est pas content des méthodes de travail, il sera
sacrifié. Harold ne contredit pas le jardinier mais essaie de prévenir la
police. Or, la tondeuse fait irruption à l’intérieur de la maison. Elle le
déchiquète après une brève course poursuite. La police arrive plus tard sur les
lieux et conclut au crime d'un maniaque sexuel. Moralité, tondez votre pelouse
vous-même ! Cette nouvelle qui réplique d’une drôle de manière les
bacchanales n’est pas la meilleure. Je ne l’ai pas appréciée.
« Desintox,
Inc. »
Voulant
s'arrêter de fumer, Dick Morrison confie son désir à un ami d’enfance, Jimmy
Mac Cann. Ce dernier a réussi à quitter sa cigarette après avoir fait appel à
une société privée au taux de réussite de 98%. Intéressé, Dick s’adresse
également à « Desintox, INC » avec l’espoir d’en finir avec le tabac.
Son interlocuteur se nomme Vic Donatti. Il prendra en charge son traitement.
Mais les méthodes de cette société se révèlent très peu conventionnelles. Dick
est averti. Il sera surveillé 24 h sur 24 pendant un an à partir du moment où
il termine sa dernière cigarette. Il ne doit plus fumer. Tout écart sera
sanctionné par des « punitions » cruelles. Ces sanctions ne lui
seront pas infligées. Ses proches seront frappés. Ici, en l’occurrence, la femme
ou le fils de Dick seront punis à sa place. Dick ne peut plus retourner en
arrière car il a signé le contrat. S’il cède à la tentation, la première
punition sera supportable. S’il continue à fumer, les punitions iront in
crescendo et seront de plus en plus graves. En outre, en cas de 9 infractions,
la mort éliminera le problème. Lors des semaines suivantes, Dick parvient à
éviter de fumer. Or, pendant un embouteillage, il finit par céder à son envie.
Aussitôt, Vic Donatti donne l’ordre de kidnapper Cindy Morrison. Dick voit sa
femme recevoir des décharges électriques sous ses yeux. La voir souffrir le
motive à arrêter de fumer. Mais Vic Donatti met une autre condition au
contrat : Dick ne doit pas grossir pour compenser l’arrêt du tabac. Il
doit rester en pleine forme, auquel cas, il fera couper l’auriculaire de sa
femme. Dick respecte le pacte, terrorisé à l’idée que sa femme puisse perdre un
doigt. Deux ans passent. Tout va pour le mieux du monde pour Dick. Il croise
alors Mac Cann et sa femme. Dick remarque que Mme Mac Cann n’a que quatre
doigts à une main… J’ai beaucoup aimé cette nouvelle. La méthode de Vic Donatti
est radicale mais semble bien efficace. Dommage que l’auteur ne l’ait pas
appliquée déjà pour lui-même d’abord. Il aurait vite été libéré de ses addictions
à l’alcool. Mais il aimerait peut-être qu’une telle entreprise existe… A vrai
dire, cette nouvelle assez sadique m’a fait bien rire. Comment punir le manque
de volonté ? C’est faire du chantage
« L’Homme
qu’il vous faut »
Elizabeth
Rogan est une étudiante à la vie ordinaire. Elle a un petit ami Tony. Un jour,
elle croise Ed Hamner, un étudiant en année supérieure. Celui-ci est gentil,
attentionné et l’aide dans ses examens. Au fur et à mesure, il lui devient
indispensable. La pause des vacances met une distance entre les deux nouveaux
amis. Mais durant l’été, Tony meurt dans un accident de la route. Ed vient
consoler Elizabeth qui se sent épaulée et comprise. Elle finit par ressentir
une attraction irraisonnée pour ce jeune homme qui déplaît à Alice. La camarade
de chambre n’aime pas Ed et engage même un détective privé pour enquêter sur
lui. Grâce à elle, Elizabeth apprend qu’il était dans la même école qu’elle. Il
aurait des capacités paranormales qui lui permettent de faire gagner son père à
la bourse, avoir fait mourir ses propres parents pour hériter d’eux. Il se
trouve qu’Ed est amoureux d’Elizabeth depuis l'enfance et utilise la magie
noire pour arriver à ses fins. Quand elle se rend dans l’appartement de son
ami, elle découvre une poupée Vaudou à son effigie, des photos et ainsi que
diverses preuves qu’il la manipule pour se faire aimer. Furieuse, Elizabeth
détruit tout et menace Ed d’aller le dénoncer. Mais comme les phénomènes
paranormaux ne sont pas pris en compte par la justice, elle ne portera pas
plainte. Elle quitte Ed qui n’a plus aucun pouvoir sur elle. La nouvelle laisse
une mauvaise impression en raison de la chute trop facile. Il suffit à
l’héroïne de décider pour se libérer d’une emprise fatale. Pour un détenteur de
pouvoirs faisant appel à la magie, Ed aurait dû être capable de garder son
amour. Il échoue lamentablement. Pourtant sa méchanceté partait d’une bonne
intention.
« Les
Enfants du maïs »
Perdus
au beau milieu du Nebraska, Burt et Vicky Robeson roulent en voiture sans
cesser de se disputer. Ils se perdent dans un champ et sans le faire exprès,
ils heurtent un enfant dans un champ de maïs. Paniqués, ils pensent l’avoir
tué. Or, le garçon avait déjà la gorge tranchée. Le couple emporte le cadavre
dans le coffre de leur voiture et arrive dans la petite ville de Gatlin qui
semble abandonnée. De plus en plus paniquée, Vicky veut se débarrasser du
cadavre au plus vite et est prête à le laisser sur place. Burt cherche
quelqu’un et s’en va dans l’église après avoir laissé sa femme dans la voiture
(et emporté les clés de façon à ce qu’elle ne s’en aille pas). A l’intérieur de
l’église, Burt est stupéfait : à l’intérieur des registres sont consignés
des éléments importants. Il comprend que les adultes de Gatlin sont morts. Ils
ont été exécutés par les enfants. Les plus jeunes ont offert des sacrifices
humains à une divinité du maïs appelée « Celui Qui Règne sur les
Sillons ». Eux-mêmes sont sacrifient quand ils atteignent l’âge fatidique
de 19 ans. Après cette découverte, Burt a peur. Il quitte l’église pour
regagner sa voiture qui est encerclée par une multitude d’enfants. Ceux-ci
enlèvent Vicky. Burt se dégage en poignardant l’un se ses agresseurs et se
sauve dans les champs de maïs. A la fin du jour, il trouve le cadavre de sa
femme crucifié dans une mise en scène affreuse. Burt n’en réchappe pas :
un monstre surgit du maïs et le tue. Après la nuit, l’un des enfants qui se
prend pour un prophète déclare à la communauté que « Celui Qui Règne sur
les Sillons » est furieux. C’est lui qui s’est débarrassé de Burt au lieu
qu’on le lui sacrifie. Comme punition, les enfants devront mourir lorsqu’ils
auront atteint 18 ans au lieu de 19. A mi-chemin entre le « Village des
damnés » et les sacrifices rituels, cette nouvelle mettant en scène des
enfants diaboliques est peu originale. Il n’y a pas le moindre espoir. C’est
vraiment une horreur.
« Le
Dernier barreau de l’échelle »
Larry
reçoit la lettre de sa sœur Katrina désormais défunte. En lisant le texte, il
se souvient de leur jeu préféré durant l’enfance. Vivant dans une ferme, ils
s’amusaient à un jeu dangereux dans la grange. Ils sautaient d’une échelle
suspendue en hauteur pour tomber dans les bottes de foin. Mais un jour,
l’échelle se brise. Katrina s’accroche au dernier barreau de l’échelle se
brise. Elle est en grand danger. Larry lui demande de tenir bon et pendant
qu’elle se balance dans le vide, il a le temps de rassembler le plus de foin
possible afin d’amortir la chute. Ainsi, il sauve la vie de sa petite sœur.
Arrivée à l’âge adulte Katrina se marie et divorce deux fois. Sans travail,
elle se prostitue. Pour elle, la vie n’a plus aucun sens, d’autant plus qu’elle
ne voit jamais plus son frère, trop occupé au loin avec sa carrière. Elle
regrette vraiment que le dernier barreau de l’échelle ne se soit pas brisé à
l’époque et déclare se donner la mort. En réalité, la lettre était un appel à
l’aide. Or, Larry ne la reçoit que deux semaines après. Il aurait pu éviter ce
geste fatal. Là, je n’ai pas du tout compris la présence de cette nouvelle dans
le recueil. Elle n’appartient pas ni au genre de l’horreur, ni au policier.
L’ésotérisme et le surnaturel n’existent pas. Il y a de la nostalgie, de la
tristesse, l’ironie du sort mais elle ne correspond pas du tout à ce qui est
attendu. Pour ma part, je n’ai pas apprécié cette nouvelle.
« L’Homme
qui aimait les fleurs »
A
New-York, en 1963, un jeune homme de belle allure achète des fleurs à un
marchand. Les magnifiques roses sont destinées à Norma, sa bien-aimée. Avec son
bouquet, il se promène alors dans la ville. Tous les gens qui le croisent
éprouvent un sentiment de sympathie envers lui. En effet, l’inconnu aux fleurs
exprime la joie. Son visage rayonne. Les passants voient en lui l’incarnation
du parfait amoureux. Et cet amour est contagieux. Vers la fin de la journée, le
jeune homme s'engage dans des petites rues à l’écart. Une jeune femme marche
près de lui. L’homme l’interpelle afin de lui offrir les roses. Entendant le
nom de « Norma », la demoiselle lui assure qu'il fait erreur. Elle
n’est pas Norma. Très déçu, il sort un marteau de sa poche et la frappe à mort.
Il jette les fleurs près du cadavre et s’en va, en état de confusion. Le
lecteur comprend qu’il s’agit d’un fou. La véritable Norma est morte depuis dix
ans. Le jeune amoureux la cherche. A chaque fois qu’il pense retrouver sa
Norma, il tue des inconnues. Cinq meurtres plus tard, il reprend sa route, à la
recherche de cette Norma qui l’obsède. Cette nouvelle traduit bien l’horreur de
l’ordinaire. Les véritables fous criminels se « baladent » dans la
nature. Pour une raison ou pour une autre, ils assassinent au hasard. N’importe
qui peut devenir une cible potentielle. C’est vraiment ça qui fait peur. Au
fond, cette nouvelle n’est pas mal.
« Un
Dernier pour la route »
La
tempête de neige fait rage dans le pays… Le patron d'un bar et son dernier
client sont réfugiés bien au chaud dans l’établissement qui va fermer. Soudain,
un homme à moitié congelé par le blizzard frappe à la porte. Il leur demande
leur aide. Sa voiture s'est retrouvée enneigée près de la ville abandonnée de
Jerusalem’s lot. Sa femme et sa fille sont à l’intérieur du véhicule et
risquent de mourir de froid. Au début, le patron et le client rechignent à
l’accompagner. Mais l’inconnu insiste. Alors ils sortent pour l’accompagner.
Arrivés à la voiture, ils savent que tout est perdu pour la femme et l’enfant.
En effet, le village est infesté de vampires. Hélas, ceux-ci ont déjà mordu la
maman et la petite. C’est au tour de l’homme de devenir à son tour une créature
de la nuit. Très vite, le patron et le client s’enfuient à belles jambes. Ils
courent s’enfermer dans le bar. Résignés, ils se doutaient bien du sort de la
famille prise dans le blizzard. La nouvelle n’est franchement pas originale.
Des personnages coincés au milieu de nulle part et se faisant attaquer par des
vampires, c’est très classique. On s’y attendait un peu. Bref, j’ai moyennement
apprécié. En plus, l’auteur ressort la même ville que « Celui qui garde le
vers », ce qui est un clin d’œil ou un leitmotiv bien répétitif. Un peu
trop pour moi.
« Chambre
312 »
Johnny
se rend tous les jours à l’hôpital pour rendre visite à sa mère, malade d’un
cancer en phase terminale. Les souffrances, l’issue inévitable tourmentent le
jeune homme. Là, le suspens n’est pas aussi insoutenable qu’on le croit. A
force d’assister à cette agonie, il décide d’y mettre un terme. Malgré sa
peine, Johnny prend son courage à deux mains. Il euthanasie la patiente de la
chambre 312. Point final. Ni plus, ni moins. Là, c’est l’horreur réelle à
laquelle sont confrontés tous les proches d’un malade incurable. Partagés entre
leur souffrance et celle du patient cher qui souffre atrocement, ils aimeraient
faire quelque chose pour résoudre la situation. Hélas, certaines maladies sont
sans appel : dégénérescence, cancers, maladies pyramidales, toutes
conduisent à la fin. Alors, pour terminer le calvaire d’un malade, les proches
en viennent à souhaiter sa mort. En même temps, la culpabilité ronge ceux qui
ont pensé vouloir supprimer un être cher. Là, on se trouve dans l’embarras le
plus total : doit-on souhaiter la mort ? Peut-on tuer quelqu’un qui
souffre même si c’est pour son bien ? Cela reste un crime. Bref, c’est
difficile. Apparemment, il semblerait que l’auteur ait vécu cette situation
très mauvaise avec sa propre mère. Il ne l’a pas tuée pour abréger son sort.
Mais dans sa nouvelle, il passe à l’acte. Malheureusement, les Ehpad, les
mouroirs, les hôpitaux sont remplis de pauvres personnes dans des conditions
tellement affreuses que seule la mort peut les délivrer. Le pire, c’est que la
maladie et la vieillesse touchent tout le monde. Chacun d’entre nous peut se
retrouver dans le même cas et dans les deux rôles tour à tour : celui de
proche désespéré et celui de malade agonisant. C’est vraiment l’horreur. Pire
livre d’horreur que ça ! Non, je n’ai pas apprécié cette nouvelle qui dit
la vérité et pour laquelle l’auteur ne s’est pas trop creusé la cervelle. Il
lui a fallu juste décrire ce qu’il a vécu. C’est tout de même triste pour lui.
J’ai
donc rédigé le résumé, le commentaire et l’avis pour chaque texte en sachant
bien que je n’allais pas être brève. Merci pour votre patience si vous avez eu
le courage de tout lire. En somme, « Danse Macabre » réunit plusieurs
nouvelles de Stephen King. Les récits écrits à des périodes diverses sont
vraiment inégaux. Certains méritent le détour. D’autres semblent avoir été
rédigés juste pour payer le loyer. Mais comme je suis fan de cet auteur, je lis
tout ce qu’il écrit avec grand plaisir. Je conseille donc ce livre aux amateurs
de genre. Ce n’est pas mal du tout.