vendredi 11 juillet 2025

La Cellule de verre

Philip Carter est un ingénieur américain tout à fait ordinaire. Il est marié avec Hazel et ensemble, ils ont un enfant, Timmy. Un jour, sa vie bascule. Insouciant et concentré sur son travail, il ne vérifie pas les documents que ses collaborateurs lui font signer. Et là, il est victime d’un abus de confiance. Il est littéralement accusé de fraude. C’est lui que l’on condamne à de la prison ferme alors qu’il est innocent. Dès lors, sa vie devient un cauchemar.

Patricia Highsmith s’inspire de la réalité. Très bien documentée, elle décrit la véritable situation des prisonniers de son époque. Dans les années 1960, leurs conditions étaient particulièrement inhumaines. Aussi, à travers son roman, elle en profite pour dénoncer les injustices causées au quotidien. Le livre commence par une scène de violence. Philip Carter partage sa cellule avec un prisonnier particulièrement hargneux qui le harcèle de façon gratuite. Par la faute de ce véritable délinquant, c’est l’innocent qui se fait agresser par les gardiens de prison tout aussi corrompus et sadiques que les pires des meurtriers. Philip Carter est puni pour rien. Mis en cellule d’isolement, il est suspendu par les pouces. Torturé de façon cruelle et gratuite, il finit par devenir handicapé. Ses souffrances sont telles qu’il est obligé de s’injecter de la morphine. Il passe du temps à l’infirmerie où le médecin le soigne. Durant cette période, les autres détenus le gênent moins. Il attend la révision de son jugement mais il n’y a rien à faire. Il passera bien les six ans de prison prévus. Résigné, il essaye de survivre. Il se fait même un ami avec qui il parle le français et discute littérature. Malheureusement, lors d’une émeute, son seul camarade meurt. Déprimé, Philip Carter change de caractère. De doux et paisible, il passe à violent sans conscience. Pour ajouter à cela, il soupçonne sa femme Hazel de le tromper avec David Sullivan, l’avocat qui doit le défendre et lui obtenir la grâce qu’il ne l’aura pas. Les années passent et quand l’ingénieur sort, il est transformé. Il part rejoindre son épouse et son fils à New York où il cherche du travail. Mais un ancien prisonnier a des difficultés à s’intégrer. Par miracle, David l’avocat lui trouve un travail. Philip accepte mais est mécontent de cette aide providentielle car tout a un prix. Sa femme est toujours la maîtresse de l’avocat. Ce dernier a pris la place dans le cœur de ses proches. A juste titre, Philip se sent dépossédé de sa vie. Tout lui échappe. Hazel feint la fidélité alors qu’elle ressent de l’indifférence. Même son propre fils qui le repousse ressent de l’affection pour son rival. Bien évidemment, la haine monte en lui. L’auteure décrit habilement ce crescendo d’émotions négatives. Le lecteur ne peut s’empêcher d’éprouver de la compassion pour le pauvre homme que la société a changé pour le pire. Au fur et à mesure, il perd pied. Philip souhaite se venger de tous ceux qui l’ont trahi. Cela tombe bien car l’ennemi de l’avocat le harcèle et le pousse à la vendetta. Le drame finit par arriver. Puisque l’avocat ne veut pas renoncer à Hazel, Philip souhaite lui parler. Or, il profite d’une opportunité pour le tuer d’un coup du plat de la main, technique enseignée par un détenu en prison. Le voilà débarrassé d’un gêneur. Mais il n’est pas pour autant heureux. Sa femme et son fils pleurent David et la police est sur son dos. Il figure en tête de liste des suspects. Cependant, endurci par son long séjour en prison et au caractère bien différent, il sait désormais garder son sang-froid. Capable de répondre, il ne se laisse ni impressionner ni déstabiliser par le harcèlement policier. Tout au contraire, avec un bel aplomb, il tient tête à l’inspecteur qui veut le faire avouer. Mais sans aucune preuve formelle en dehors de suspicions, personne ne peut arrêter Philip. Même si la police le menace de le « tenir à l’œil », il reprend sa vie en main. A force, Hazel devine qu’il a éliminé son rival et finit par se résoudre à accepter la situation. Elle ne le refuse plus et se décide à endosser son rôle d’épouse comme si rien ne s’était jamais passé. A l’exception que l’expérience désastreuse en prison a changé à tout jamais un honnête homme en meurtrier cynique, violent et instable. Cette métamorphose due à la société et les conséquences qu’elle entraîne sont dénoncées par l’auteure.

Le roman n’est pas mal, même s’il traite d’une situation triste, voire révoltante. C’est le témoignage d’une époque passée. On espère tout de même que les choses ont changé et se sont améliorées depuis. Je conseille la lecture de la « Cellule de verre », mais vraiment, ce n’est ni réjouissant, ni drôle. Mais heureusement, après tant de pages à l’ambiance lourde et parfois antipathique la fin me laisse satisfaite.


 

mardi 1 juillet 2025

Danse Macabre

Danse macabre (titre original : Night Shift) est un recueil de nouvelles de Stephen King publié en 1978. La plupart des nouvelles le composant sont parues précédemment dans divers magazines. Leur qualité est variable, tout comme les thématiques traitées. L’auteur hésite aussi avec le genre : ésotérisme, science-fiction, anticipation, policier, le lecteur choisit ce qui lui plaît. Les titres sont éloquents. Ainsi, on trouve : « Celui qui garde le vers », « Poste de nuit », « Une sale grippe », « Comme une passerelle », « La presseuse », « Le Croque-mitaine », « Matière grise », « Petits Soldats », « Poids lourds », « Cours, Jimmy, cours », « Le Printemps des baies », « La Corniche », « La Pastorale », « Désintox, INC », « L’Homme qu’il vous faut », « Le dernier barreau de l’échelle », « L’homme qui aimait les fleurs », « Un dernier pour la route », « Chambre 312 ». Il y en a pour tous les goûts.

Attention : spoiler… Parce que pour donner son opinion, il faut pouvoir raconter un peu chaque histoire et ça va être long.

 


« Celui qui garde le ver »

En 1850, Un homme nommé Charles Boone a hérité d’une demeure familiale. Il est accompagné par son serviteur, Calvin Mc Cann. Il découvre la maison que les habitants du pensent maudite. Et là, des bruits étranges viennent perturber la tranquillité. Charles croit qu’il y a des rats dans les murs. Quand il trouve la carte d’un village abandonné appelé Jérusalem s’ lot, il décide d’aller la visiter avec Calvin.  A l’intérieur de l’église, ils trouvent un livre en latin. C’est le « De Vermis Mysteriis » (ou les « Mystères du ver »). Le sol tremble aussitôt et l’ouvrage tombe. Au fur et à mesure, en lisant le journal de son grand-père, Charles apprend la vérité : son grand-oncle Philip se servait de ce livre pour des cérémonies occultes maléfiques, ce qui a contribué à la disparition du village. Chef d’une sorte de secte, Philip a acheté le fameux livre avec l’intention de réveiller le ver. Charles veut brûler le livre et retourne dans l’église avec Calvin. Des morts-vivants les attaquent. Là, Charles invoque le ver. Calvin meurt. Désespéré, Charles se suicide afin de supprimer ce ver. L’histoire ne s’arrête pas là. Dans les années 1970, James Robert Boone, un descendant hérite de la demeure. Il lit les papiers de son ancêtre et le pense fou. Arrivé sur place, il entend des bruits à l’intérieur des murs. Il croit qu’il y a des rats… Le lecteur peut imaginer que l’histoire recommence. Le retour du ver… Stephen King reprend à la fois le « Repaire du vers blanc » de Bram Stoker et « The rats in the Wall » de H.P. Lovecraft. Le récit est lent à démarrer et est fait à travers les écrits de Charles, ceux de Calvin. C’est déroutant. Personnellement, j’ai moyennement aimé. 

« Poste de nuit »

Une équipe d'ouvriers est réquisitionnée afin de nettoyer les sous-sols abandonnés d’une filature. Hall est l’un de ces hommes qui descendent à contre-cœur dans ce lieu obscur très sale et non entretenu depuis une dizaine d’années au moins. La peur de perdre son travail et les menaces à peine voilées de Warwick son supérieur le poussent à se sacrifier. Il décrit alors ce qu’il voit. Et là, c’est un spectacle à faire peur : une immense colonie de rats occupe les sous-sols. Mais ce ne sont pas des animaux normaux. Plus agressifs, intelligents, très dangereux, ils ont subi des mutations. L’aspect affreux de ces bêtes, l’obscurité forment une ambiance glauque. Pas besoin d’avoir la phobie des rongeurs pour avoir peur. Quand l’auteur évoque des milliers de rats et leur reine plus grande qu’un bœuf, le lecteur peut frissonner. C’est bien ce qui arrive au malheureux héros voit son chef se faire dévorer, avant de mourir de la même mort. Mais l’histoire ne s’arrête pas à la fin de la première équipe. Une autre va prendre le relai. On peut se douter de ce qui va se passer : ils vont se faire dévorer aussi. La nouvelle reste noire et démoralisante car le pauvre Hall ne parvient pas à se sauver.

Cela me laisse une mauvaise impression.

« Une sale grippe »

Bernie, le narrateur, raconte… Une « grippe » venue d’Asie a décimé une grande partie de l’humanité. Des adolescents survivants d'un virus dit A2 tuent le temps sur une plage. Ils croisent un homme atteint du dernier stade de la maladie et le brûlent. Tous pensent être immunisés contre la nouvelle variante du virus nommé A6. Or, l’un d’entre eux révèle à Bernie qu’il ressent des symptômes étranges. Cela veut dire que tous les rescapés sont contaminés et ne vont pas tarder à mourir eux aussi. La nouvelle ne se termine pas de façon positive. Il n’y a pas d’espoir. Le monde finit. Ecrite à la fin des années 1960, l’histoire parle d’une pandémie. Ça vous dit quelque chose ? Moi, je vois des coïncidences étranges. En fait, Stephen King anticipe les années Covid sans le savoir ! Quelle clairvoyance ! Heureusement pour nous, le terrible virus venu d’Asie n’a pas anéanti le genre humain. Malgré un nombre impressionnant de victimes, nous sommes toujours là (et moi aussi, puisque j’écris encore). Même si la nouvelle n’est pas optimiste du tout, ça m’a laissé une drôle d’impression. Stephen King est un visionnaire !

« Comme une passerelle »

Arthur est un ancien astronaute devenu handicapé. En mission sur Vénus, il a été exposé à une sorte de virus. Cette maladie mutagène extra-terrestre se manifeste quelques années après. Arthur voit ses mains se couvrir de cercles rouges qui se transforment en yeux bizarres. Déconcerté, l’homme se demande quoi faire. Il bande alors ses mains pour les neutraliser. Mais un jou, il oublie les bandages. rPeu à peu, les yeux semblent prendre possession des mains qu’ils colonisent. Commandé par cette sorte d’intelligence, Arthur tue un jeune homme. Horrifié, il se confie à son meilleur ami, Richard. Aussitôt, les yeux essaient de le pousser à tuer son ami. Pour éviter de le faire, Arthur s’ébouillante les mains et les perd. En même temps, il vient de se débarrasser de ces yeux. Quelques années passent. Le héros n’a plus de mains main deux crochets à la place. Quand il s’aperçoit que des yeux sortent de sa poitrine, il comprend qu’il a perdu sa guerre. Infecté durant son voyage spatial, il sert désormais de « passerelle » extra-terrestre. Les aliens veulent coloniser la Terre. Alors Arthur décide de se suicider. Là encore, ce n’est pas optimiste. Heureusement, il y a de l’espoir car l’astronaute se sacrifie pour sauver l’humanité. C’est triste. 

« La Presseuse »

John Hunton est un inspecteur de police. Il enquête sur une série d’accidents très étranges survenus dans une blanchisserie. D’abord, une employée est écrasée par une presseuse. Après ce décès, une autre employée est brûlée par un jet de vapeur provenant de cette même machine. Le policier découvre qu’avant ces événements, une employée, Sherry Ouellette s’était déjà coupé la main. Trois fois de suite, ça intrigue John Hunton qui finit par en discuter avec un professeur d’anglais du nom de Mark Jackson. Celui-ci pense que la machine est possédée. De fil en aiguille, il s’avère bien que c’est la vérité. L’enseignant veut faire un exorcisme pour arrêter le massacre. Cela tombe mal puisqu’il se fait tuer à son tour. Le policier se sauve en voyant cela. Mais la machine bien vivante et dotée d’un esprit a bien l’intention de le poursuivre et de le tuer… Ce n’est pas trop mal. L’auteur recycle ses expériences passées. Il a travaillé dans une blanchisserie. Cela l’a certainement marqué puisque le « Blue Ribbon » figure dans d’autres romans « Carrie » et bien sûr « Chantier » (à qui j’ai dédié mon dernier commentaire). C’est récurrent.

« Le Croque-mitaine »

Qui n’a jamais eu peur du monstre caché dans le placard ? Tout le monde, bien sûr. Ce ne sera pas Lester Billings qui dira le contraire. Cet homme qui a perdu ses trois raconte son histoire à un psychologue. Officiellement, la mort subite du nourrisson, des convulsions et un accident sont responsables de ces morts. Or, il n’en est rien. C’est bien le croque-mitaine qui terrorisait les enfants qui les a tués et l’épouse de Lester, Rita, le sait bien. D’ailleurs, elle le quitte. Désespéré, l’homme éprouve le besoin d’aller voir un psy. A la fin de la consultation, le praticien lui dit de prendre rendez-vous avec la secrétaire. Puis, il retourne sur ses pas et découvre la porte d’un placard ouvert. Le monstre est là. A la main, il tient le masque du professeur… Je n’ai pas vraiment compris ce qui se passe après car le récit s’arrête-là. Le croque-mitaine qui est partout persécute Lester. Va-t-il le tuer ou se contente-t-il de le torturer ? Que doit-on penser encore ? Lester a-t-il lui-même tué ses enfants et se dédouble-t-il lors du récit ? L’auteur reste vague et laisse le lecteur interpréter à sa façon. La solution existe, même si je ne l’ai pas trouvée. En tout cas, dans « Cujo », il y a la reprise des peurs des enfants.

« Matière grise »

Il n’est pas question de cerveau dans cette nouvelle, à moins que l’auteur ne fasse allusion au manque de matière grise de Richie Grenadine, le personnage principal, un alcoolique qui vit reclus chez lui. Lors d’une tempête de neige, Timmy, le fils de Grenadine se rend à l’épicerie locale. Les clients habituels s’inquiètent de voir cet enfant s’approvisionner de packs de bière pour son père que personne n’a revu depuis un moment. L’épicier, Henry interroge l’enfant qui confie de drôles de choses. Il semblerait que Richie Grenadine se soit transformé en masse gélatineuse grise et qu’il ait mangé un chat mort. Etant donné qu’il y a eu des disparitions, Henry et ses clients veulent aller voir de leurs propres yeux. En entrant, ils prennent peur et se sauvent, sauf l’épicier qui est armé… En bas, les peureux entendent des coups de feu. On ne sait pas qui redescendra de la pièce plongée dans le noir. Henry a-t-il survécu ? Le lecteur peut imaginer la fin qu’il veut.

« Petits soldats »

De retour de l’une de ses missions, John Renshaw, un tueur à gages, reçoit un paquet contenant des jouets représentant des petits soldats. Coïncidence, il vient d’éliminer le propriétaire d’une entreprise de jouets. Peu importe, le tueur veut se détendre chez lui. Or, les petits soldats se mettent en mouvement et le menacent. John ne se rend pas. Alors, ils se mettent tous à l'attaquer. L’auteur décrit très précisément ce « jeu » de guerre où les petits personnages ainsi que leurs minuscules machines et leurs mini-armes partent à l’assaut d’un méchant tueur à l’image d’un Gulliver contre les Lilliputiens. Bien évidemment, les petits soldats ont une arme de plus. C’est le bonus de la boîte, soit une bombe atomique en modèle réduit. Hélas pour lui, John Renshaw perd et meurt. A son tour, il est victime de la vengeance de la mère du PDG de l’entreprise de jouets qu’il a assassiné. Là encore, l’auteur aime montrer la rébellion des objets contre l’homme. C’est fantastique et sombre à la fois. De quoi avoir peur des petits soldats de plomb…

« Poids lourds »

Bien avant l’arrivée de l’intelligence artificielle, Stephen King aborde le thème de la révolte des machines contre leurs créateurs. Ici, ce sont les camions qui se rebellent. Les personnages principaux sont un narrateur non caractérisé, un cuisinier, un chauffeur routier, un représentant de commerce, un jeune homme nommé Jerry et sa petite amie. Tous se retrouvent piégés dans un relais routier au moment tous les camions de l'endroit s’animent et tuent tous les humains qui passent. A peu de chose près, on imaginerait les Transformers… Lorsque l’un des camions tombe en panne, celui-ci envoie des messages en morse afin de demander de l’aide aux humains qu’il menace. Bien évidemment, le groupe refuse. Il s’ensuit une bataille car un bulldozer écrase le bâtiment où se sont réfugiés les humains. Jerry et le chauffeur routier sont tués. Les survivants acceptent d’aider au ravitaillement des camions. A final, les machines se sont révoltées afin de réduire les hommes en esclavage. Le narrateur pense que le monde deviendra ainsi. Un avion passe et il se demande qui le dirige. Il pourrait dire : « Y a-t-il un pilote dans l’avion ? ». Là encore, l’auteur exploite l’angoisse des hommes au sujet des machines. Et si elles pouvaient se révolter ?

« Cours, Jimmy, cours »

Jim Norman a vécu un traumatisme durant son enfance. Son frère Wayne a été tué par des jeunes délinquants. Jim grandit avec ce souvenir. Il se marie avec Sally. Devenu professeur d'anglais, tout semble lui réussir. Or, un jour, il voit arriver dans sa classe de nouveaux élèves. Ceux-ci ressemblent aux agresseurs du passé. C’est un véritable cauchemar qu’il revit. L’histoire se répète. Les délinquants qui voulaient le poursuivre sont de retour. Ils tuent Sally. Troublé par ces coïncidences, il s’informe. Et là, il comprend que les harceleurs sont morts et sont revenus de l’Au-delà pour le persécuter. Afin de leur échapper, Jim fait un pacte avec un démon. Il lui sacrifie ses index. Le démon le débarrasse de ses ennemis, mais lui dit avant de partir, qu’il reviendra. Jim craint que son angoisse ne finisse jamais… Entre ésotérisme et horreur, la nouvelle est mystérieuse. Le lecteur peut avoir de l’empathie pour la pauvre victime.

« Le Printemps des baies »

Le « printemps des baies » est un redoux accompagné de brumes nocturnes suivi par le retour de l'hiver. Ce phénomène climatique n’est pas fréquent. Dans la nouvelle, il coïncide avec une période qu’un homme connue par le narrateur. Celui-ci raconte ses souvenirs datant du temps où il faisait ses études. En 1968, un tueur en série surnommé « Jack des brumes » terrorisait le campus en assassinant des étudiantes. Comme tous ses amis, le jeune homme avait peur de voir disparaître des filles qu’il connaissait. Toutefois, après une psychose générale, les crimes s’arrêtent en même temps que les conditions météorologiques. Huit ans plus tard, au retour du « printemps des baies », le narrateur apprend avec effroi la résurrection de « Jack des brumes ». Le journal annonce l’assassinat d’une femme. Soudain, le narrateur constate qu’il a un grand trou de mémoire. Il ne se souvient pas du tout de ce qu’il a fait au moment du meurtre. Il a découché et sa femme le soupçonne d’avoir passé la nuit avec une autre femme. Puis, d’un coup, il pense au coffre de sa voiture. Il n’ose pas l’ouvrir car il craint que sa femme n’ait raison : il était bien avec une femme, mais pas pour les raisons qu’elle croit… Et le lecteur le comprend. C’est lui le tueur en série. La chute qui surprend est excellente. Ce n’est pas mal.

« La Corniche »

Stan Norris est un professeur de tennis. Il a une liaison avec Marcie, l’épouse d’un mafieux nommé Cressner. Celui-ci découvre cette relation et fait convoquer l’amant. Au lieu de se venger, il lui propose un pari : s'il parvient à faire le tour extérieur de son appartement par l'étroite corniche située à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du sol, il le laissera partir avec son épouse infidèle et lui donnera même de l’argent. C’est dangereux mais Stan n’a pas le choix. Soit, il accepte et prend le risque de tomber et de mourir, soit il refuse et meurt immédiatement, exécuté par le garde du corps de Cressner. Alors, Stan se décide à faire le tour de ce balcon. Le temps est mauvais. Il fait froid, il y a du vent, même les éléments sont contre lui. A tout instant, il risque de tomber. Il affronte même un pigeon installé sur la corniche, ce qui manque de le déséquilibrer. Après des heures de suspens insoutenable, Stan parvient à gagner le pari. Il rentre sain et sauf à l’intérieur de l’appartement. Cressner donne l’argent promis mais avoue avoir fait tuer sa femme. En apprenant la mort de sa bien-aimée, Stan agresse le garde du corps, s’empare de son arme et menace Cressner. A son tour, le délinquant doit se promener sur la corniche. Le pari reprend : si Cressner gagne, Stan lui laissera la vie. Mais en réalité, le professeur de tennis n’a pas du tout l’intention d’épargner l’assassin. L’histoire est triste mais pleine de suspens. Pour une fois, le héros a la vie sauve. Mais comme l’auteur s’arrange pour que tout puisse se terminer mal, la pauvre Marcie meurt. Mais au moins, elle est vengée. Ce n’est pas mal.

« La pastorale »

Harold Parkette n’a pas envie d’entretenir son jardin. Alors, il appelle l'entreprise « La Pastorale » afin de faire tondre sa pelouse. Un jardinier arrive à son domicile et se met au travail. Parkette s’endort. A son réveil, il voit que la tondeuse fonctionne toute seule. Mieux, le jardinier tout nu, rampe derrière la machine en broutant l'herbe coupée. Harold s'évanouit quand la tondeuse tue une taupe et que l'homme la mange ensuite. Lorsqu’il revient à lui, l’homme constate que le travail demandé a été presque réalisé. Il lui apprend que la société « La Pastorale » appartient au dieu grec Pan. Si jamais un client n’est pas content des méthodes de travail, il sera sacrifié. Harold ne contredit pas le jardinier mais essaie de prévenir la police. Or, la tondeuse fait irruption à l’intérieur de la maison. Elle le déchiquète après une brève course poursuite. La police arrive plus tard sur les lieux et conclut au crime d'un maniaque sexuel. Moralité, tondez votre pelouse vous-même ! Cette nouvelle qui réplique d’une drôle de manière les bacchanales n’est pas la meilleure. Je ne l’ai pas appréciée.

« Desintox, Inc. »

Voulant s'arrêter de fumer, Dick Morrison confie son désir à un ami d’enfance, Jimmy Mac Cann. Ce dernier a réussi à quitter sa cigarette après avoir fait appel à une société privée au taux de réussite de 98%. Intéressé, Dick s’adresse également à « Desintox, INC » avec l’espoir d’en finir avec le tabac. Son interlocuteur se nomme Vic Donatti. Il prendra en charge son traitement. Mais les méthodes de cette société se révèlent très peu conventionnelles. Dick est averti. Il sera surveillé 24 h sur 24 pendant un an à partir du moment où il termine sa dernière cigarette. Il ne doit plus fumer. Tout écart sera sanctionné par des « punitions » cruelles. Ces sanctions ne lui seront pas infligées. Ses proches seront frappés. Ici, en l’occurrence, la femme ou le fils de Dick seront punis à sa place. Dick ne peut plus retourner en arrière car il a signé le contrat. S’il cède à la tentation, la première punition sera supportable. S’il continue à fumer, les punitions iront in crescendo et seront de plus en plus graves. En outre, en cas de 9 infractions, la mort éliminera le problème. Lors des semaines suivantes, Dick parvient à éviter de fumer. Or, pendant un embouteillage, il finit par céder à son envie. Aussitôt, Vic Donatti donne l’ordre de kidnapper Cindy Morrison. Dick voit sa femme recevoir des décharges électriques sous ses yeux. La voir souffrir le motive à arrêter de fumer. Mais Vic Donatti met une autre condition au contrat : Dick ne doit pas grossir pour compenser l’arrêt du tabac. Il doit rester en pleine forme, auquel cas, il fera couper l’auriculaire de sa femme. Dick respecte le pacte, terrorisé à l’idée que sa femme puisse perdre un doigt. Deux ans passent. Tout va pour le mieux du monde pour Dick. Il croise alors Mac Cann et sa femme. Dick remarque que Mme Mac Cann n’a que quatre doigts à une main… J’ai beaucoup aimé cette nouvelle. La méthode de Vic Donatti est radicale mais semble bien efficace. Dommage que l’auteur ne l’ait pas appliquée déjà pour lui-même d’abord. Il aurait vite été libéré de ses addictions à l’alcool. Mais il aimerait peut-être qu’une telle entreprise existe… A vrai dire, cette nouvelle assez sadique m’a fait bien rire. Comment punir le manque de volonté ? C’est faire du chantage

« L’Homme qu’il vous faut »

Elizabeth Rogan est une étudiante à la vie ordinaire. Elle a un petit ami Tony. Un jour, elle croise Ed Hamner, un étudiant en année supérieure. Celui-ci est gentil, attentionné et l’aide dans ses examens. Au fur et à mesure, il lui devient indispensable. La pause des vacances met une distance entre les deux nouveaux amis. Mais durant l’été, Tony meurt dans un accident de la route. Ed vient consoler Elizabeth qui se sent épaulée et comprise. Elle finit par ressentir une attraction irraisonnée pour ce jeune homme qui déplaît à Alice. La camarade de chambre n’aime pas Ed et engage même un détective privé pour enquêter sur lui. Grâce à elle, Elizabeth apprend qu’il était dans la même école qu’elle. Il aurait des capacités paranormales qui lui permettent de faire gagner son père à la bourse, avoir fait mourir ses propres parents pour hériter d’eux. Il se trouve qu’Ed est amoureux d’Elizabeth depuis l'enfance et utilise la magie noire pour arriver à ses fins. Quand elle se rend dans l’appartement de son ami, elle découvre une poupée Vaudou à son effigie, des photos et ainsi que diverses preuves qu’il la manipule pour se faire aimer. Furieuse, Elizabeth détruit tout et menace Ed d’aller le dénoncer. Mais comme les phénomènes paranormaux ne sont pas pris en compte par la justice, elle ne portera pas plainte. Elle quitte Ed qui n’a plus aucun pouvoir sur elle. La nouvelle laisse une mauvaise impression en raison de la chute trop facile. Il suffit à l’héroïne de décider pour se libérer d’une emprise fatale. Pour un détenteur de pouvoirs faisant appel à la magie, Ed aurait dû être capable de garder son amour. Il échoue lamentablement. Pourtant sa méchanceté partait d’une bonne intention.

« Les Enfants du maïs »

Perdus au beau milieu du Nebraska, Burt et Vicky Robeson roulent en voiture sans cesser de se disputer. Ils se perdent dans un champ et sans le faire exprès, ils heurtent un enfant dans un champ de maïs. Paniqués, ils pensent l’avoir tué. Or, le garçon avait déjà la gorge tranchée. Le couple emporte le cadavre dans le coffre de leur voiture et arrive dans la petite ville de Gatlin qui semble abandonnée. De plus en plus paniquée, Vicky veut se débarrasser du cadavre au plus vite et est prête à le laisser sur place. Burt cherche quelqu’un et s’en va dans l’église après avoir laissé sa femme dans la voiture (et emporté les clés de façon à ce qu’elle ne s’en aille pas). A l’intérieur de l’église, Burt est stupéfait : à l’intérieur des registres sont consignés des éléments importants. Il comprend que les adultes de Gatlin sont morts. Ils ont été exécutés par les enfants. Les plus jeunes ont offert des sacrifices humains à une divinité du maïs appelée « Celui Qui Règne sur les Sillons ». Eux-mêmes sont sacrifient quand ils atteignent l’âge fatidique de 19 ans. Après cette découverte, Burt a peur. Il quitte l’église pour regagner sa voiture qui est encerclée par une multitude d’enfants. Ceux-ci enlèvent Vicky. Burt se dégage en poignardant l’un se ses agresseurs et se sauve dans les champs de maïs. A la fin du jour, il trouve le cadavre de sa femme crucifié dans une mise en scène affreuse. Burt n’en réchappe pas : un monstre surgit du maïs et le tue. Après la nuit, l’un des enfants qui se prend pour un prophète déclare à la communauté que « Celui Qui Règne sur les Sillons » est furieux. C’est lui qui s’est débarrassé de Burt au lieu qu’on le lui sacrifie. Comme punition, les enfants devront mourir lorsqu’ils auront atteint 18 ans au lieu de 19. A mi-chemin entre le « Village des damnés » et les sacrifices rituels, cette nouvelle mettant en scène des enfants diaboliques est peu originale. Il n’y a pas le moindre espoir. C’est vraiment une horreur.

« Le Dernier barreau de l’échelle »

Larry reçoit la lettre de sa sœur Katrina désormais défunte. En lisant le texte, il se souvient de leur jeu préféré durant l’enfance. Vivant dans une ferme, ils s’amusaient à un jeu dangereux dans la grange. Ils sautaient d’une échelle suspendue en hauteur pour tomber dans les bottes de foin. Mais un jour, l’échelle se brise. Katrina s’accroche au dernier barreau de l’échelle se brise. Elle est en grand danger. Larry lui demande de tenir bon et pendant qu’elle se balance dans le vide, il a le temps de rassembler le plus de foin possible afin d’amortir la chute. Ainsi, il sauve la vie de sa petite sœur. Arrivée à l’âge adulte Katrina se marie et divorce deux fois. Sans travail, elle se prostitue. Pour elle, la vie n’a plus aucun sens, d’autant plus qu’elle ne voit jamais plus son frère, trop occupé au loin avec sa carrière. Elle regrette vraiment que le dernier barreau de l’échelle ne se soit pas brisé à l’époque et déclare se donner la mort. En réalité, la lettre était un appel à l’aide. Or, Larry ne la reçoit que deux semaines après. Il aurait pu éviter ce geste fatal. Là, je n’ai pas du tout compris la présence de cette nouvelle dans le recueil. Elle n’appartient pas ni au genre de l’horreur, ni au policier. L’ésotérisme et le surnaturel n’existent pas. Il y a de la nostalgie, de la tristesse, l’ironie du sort mais elle ne correspond pas du tout à ce qui est attendu. Pour ma part, je n’ai pas apprécié cette nouvelle.

« L’Homme qui aimait les fleurs »

A New-York, en 1963, un jeune homme de belle allure achète des fleurs à un marchand. Les magnifiques roses sont destinées à Norma, sa bien-aimée. Avec son bouquet, il se promène alors dans la ville. Tous les gens qui le croisent éprouvent un sentiment de sympathie envers lui. En effet, l’inconnu aux fleurs exprime la joie. Son visage rayonne. Les passants voient en lui l’incarnation du parfait amoureux. Et cet amour est contagieux. Vers la fin de la journée, le jeune homme s'engage dans des petites rues à l’écart. Une jeune femme marche près de lui. L’homme l’interpelle afin de lui offrir les roses. Entendant le nom de « Norma », la demoiselle lui assure qu'il fait erreur. Elle n’est pas Norma. Très déçu, il sort un marteau de sa poche et la frappe à mort. Il jette les fleurs près du cadavre et s’en va, en état de confusion. Le lecteur comprend qu’il s’agit d’un fou. La véritable Norma est morte depuis dix ans. Le jeune amoureux la cherche. A chaque fois qu’il pense retrouver sa Norma, il tue des inconnues. Cinq meurtres plus tard, il reprend sa route, à la recherche de cette Norma qui l’obsède. Cette nouvelle traduit bien l’horreur de l’ordinaire. Les véritables fous criminels se « baladent » dans la nature. Pour une raison ou pour une autre, ils assassinent au hasard. N’importe qui peut devenir une cible potentielle. C’est vraiment ça qui fait peur. Au fond, cette nouvelle n’est pas mal.

« Un Dernier pour la route »

La tempête de neige fait rage dans le pays… Le patron d'un bar et son dernier client sont réfugiés bien au chaud dans l’établissement qui va fermer. Soudain, un homme à moitié congelé par le blizzard frappe à la porte. Il leur demande leur aide. Sa voiture s'est retrouvée enneigée près de la ville abandonnée de Jerusalem’s lot. Sa femme et sa fille sont à l’intérieur du véhicule et risquent de mourir de froid. Au début, le patron et le client rechignent à l’accompagner. Mais l’inconnu insiste. Alors ils sortent pour l’accompagner. Arrivés à la voiture, ils savent que tout est perdu pour la femme et l’enfant. En effet, le village est infesté de vampires. Hélas, ceux-ci ont déjà mordu la maman et la petite. C’est au tour de l’homme de devenir à son tour une créature de la nuit. Très vite, le patron et le client s’enfuient à belles jambes. Ils courent s’enfermer dans le bar. Résignés, ils se doutaient bien du sort de la famille prise dans le blizzard. La nouvelle n’est franchement pas originale. Des personnages coincés au milieu de nulle part et se faisant attaquer par des vampires, c’est très classique. On s’y attendait un peu. Bref, j’ai moyennement apprécié. En plus, l’auteur ressort la même ville que « Celui qui garde le vers », ce qui est un clin d’œil ou un leitmotiv bien répétitif. Un peu trop pour moi.

« Chambre 312 »

Johnny se rend tous les jours à l’hôpital pour rendre visite à sa mère, malade d’un cancer en phase terminale. Les souffrances, l’issue inévitable tourmentent le jeune homme. Là, le suspens n’est pas aussi insoutenable qu’on le croit. A force d’assister à cette agonie, il décide d’y mettre un terme. Malgré sa peine, Johnny prend son courage à deux mains. Il euthanasie la patiente de la chambre 312. Point final. Ni plus, ni moins. Là, c’est l’horreur réelle à laquelle sont confrontés tous les proches d’un malade incurable. Partagés entre leur souffrance et celle du patient cher qui souffre atrocement, ils aimeraient faire quelque chose pour résoudre la situation. Hélas, certaines maladies sont sans appel : dégénérescence, cancers, maladies pyramidales, toutes conduisent à la fin. Alors, pour terminer le calvaire d’un malade, les proches en viennent à souhaiter sa mort. En même temps, la culpabilité ronge ceux qui ont pensé vouloir supprimer un être cher. Là, on se trouve dans l’embarras le plus total : doit-on souhaiter la mort ? Peut-on tuer quelqu’un qui souffre même si c’est pour son bien ? Cela reste un crime. Bref, c’est difficile. Apparemment, il semblerait que l’auteur ait vécu cette situation très mauvaise avec sa propre mère. Il ne l’a pas tuée pour abréger son sort. Mais dans sa nouvelle, il passe à l’acte. Malheureusement, les Ehpad, les mouroirs, les hôpitaux sont remplis de pauvres personnes dans des conditions tellement affreuses que seule la mort peut les délivrer. Le pire, c’est que la maladie et la vieillesse touchent tout le monde. Chacun d’entre nous peut se retrouver dans le même cas et dans les deux rôles tour à tour : celui de proche désespéré et celui de malade agonisant. C’est vraiment l’horreur. Pire livre d’horreur que ça ! Non, je n’ai pas apprécié cette nouvelle qui dit la vérité et pour laquelle l’auteur ne s’est pas trop creusé la cervelle. Il lui a fallu juste décrire ce qu’il a vécu. C’est tout de même triste pour lui.

J’ai donc rédigé le résumé, le commentaire et l’avis pour chaque texte en sachant bien que je n’allais pas être brève. Merci pour votre patience si vous avez eu le courage de tout lire. En somme, « Danse Macabre » réunit plusieurs nouvelles de Stephen King. Les récits écrits à des périodes diverses sont vraiment inégaux. Certains méritent le détour. D’autres semblent avoir été rédigés juste pour payer le loyer. Mais comme je suis fan de cet auteur, je lis tout ce qu’il écrit avec grand plaisir. Je conseille donc ce livre aux amateurs de genre. Ce n’est pas mal du tout.

Cours complet de chiromancie

La Cellule de verre

Philip Carter est un ingénieur américain tout à fait ordinaire. Il est marié avec Hazel et ensemble, ils ont un enfant, Timmy. Un jour, sa v...