samedi 21 juin 2025

Chantier

 


En 1973, le responsable d’une blanchisserie voit sa vie bouleversée par un projet immobilier mis en place par la municipalité de sa ville. En effet, une nouvelle autoroute va être construite. Seulement, elle passera exactement là où est située l’entreprise et tout le quartier environnant doit être rasé. L’homme refuse de quitter la maison où il vit depuis 20 ans. Mais les expulsions commencent progressivement. Alors, il doit agir et mettre un terme au chantier.

Ce livre de « Richard Bachman » rompt avec ceux que Stephen King signe sous son propre nom. Ici, pas de mystère, pas d’angoisse, pas d’horreur. Il y a juste un récit du quotidien ordinaire qui dégénère. Un Américain de la classe moyenne sombre dans une sorte de dépression à cause de la construction d’une autoroute qui conduira à son expropriation. L’auteur peint sa descente aux enfers.

Barton George Dawes dirige une blanchisserie. C’est un cadre qui mène une existence routinière qui semble le satisfaire. Pourtant, à la fin de l’année 1973, sa vie simple est bouleversée par une nouvelle : sa maison et son lieu de travail seront détruits (ainsi que tout le quartier) afin de construire une nouvelle autoroute. Sa femme Mary et lui, ainsi que tout le quartier vont devoir déménager. Dès lors, Bart perd la raison. Dans sa tête, il discute avec un certain Fred et un George. En bref, il est en proie à des crises de schizophrénie. Sans savoir vraiment pourquoi, il achète des armes, ignore volontairement les avis d’expropriation de la part de la mairie et se refuse à chercher une nouvelle maison. Démotivé, il ne remplit plus son rôle au sein de l’entreprise. Au lieu d’acheter des locaux pour déménager la blanchisserie, il s’arrange pour la vente prévue échoue. Il sait bien qu’il sera mis à la porte. C’est ce qui finit par arriver. Bientôt à la rue, sans travail, il n’y a plus d’issue. Son épouse le quitte. Les fêtes de Noël approchent. Le chantier progresse. Bart est à la dérive. Il ne veut pas quitter la maison où son fils Charlie a vécu et où il a connu le bonheur avec sa famille. L’adolescent est mort d’une tumeur au cerveau. Il ne veut ni perdre la maison où il vivait heureux et où il a tous ses souvenirs. Toujours remonté contre le chantier, il prend contact avec un mafieux pour acheter des explosifs. Ce dernier, Sal Magliore refuse d’abord. Tant pis, Bart se débrouille et fabrique ses cocktails molotov afin de faire exploser le chantier, les grues, les machines et les locaux. Entre deux, il traîne chez lui, boit de l’alcool pour s’abrutir. Il trompe même sa femme dont il est séparé avec une fille qu’il a pris en autostop durant la nuit. Celle-ci, Olivia Brenner se drogue. Elle va à Las Vegas pour changer de vie. Avant de partir, elle lui offre une pilule de méthamphétamine. Plus décidé que jamais, Bart retourne voir le mafieux qui lui vendra finalement des explosifs. Bart apprend que malgré son œuvre de destruction, le chantier va reprendre. Il s’en va fêter le nouvel an dans la maison d’un ami qui a déménagé et où se trouve Mary. Il boit, avale la pilule et délire. L’année 1974 arrive et pour lui, elle sera mauvaise, il le sait. Elle commence avec la visite de l’avocat Fenner qui représente les promoteurs et accepte un accord afin de vendre sa maison. Une fois l’argent obtenu, il en donne une partie à son épouse, en fait envoyer à l’autostoppeuse. Il n’oublie pas de mettre des explosifs dans la maison qu’il doit quitter. Le jour « J », il refuse de sortir de son domicile qui ne lui appartient plus. La police veut le faire sortir mais il ouvre le feu. Les journalistes arrivent sur place. Bart veut parler avec l’un d’entre eux. Après l’interview, il choisit le suicide et fait exploser la maison. A la fin du livre, le lecteur apprend que la construction de l’autoroute et la destruction des maisons n’étaient pas obligatoires. La mairie qui a entrepris les travaux souhaitait simplement dépenser le budget alloué aux travaux publics afin d’en obtenir un l’an successif. Moralité, en commandant une autoroute non indispensable, voire inutile, l’administration a expulsé de façon abusive des citoyens honnêtes. Ironie du sort, elle a ruiné la vie et provoqué la mort de Barton George Dawes.

Le livre est intéressant cependant, il ne s’inscrit pas dans la lignée des bons thrillers. Il montre juste l’avidité des gens qui font des affaires sans se soucier des conséquences sur l’humain. Il traite de la réalité décevante et de la corruption. Pourquoi pas…

vendredi 6 juin 2025

Le cycle de "Sandokan"

Le cycle de Sandokan

Autrefois, la télévision était bien différente. Il devait y avoir deux ou trois chaînes de télévision et tout le monde ne possédait pas encore un écran couleur. Les séries s’appelaient des feuilletons et les téléspectateurs devaient attendre chaque semaine la diffusion du prochain épisode. Cela nous paraît impensable aujourd’hui à l’époque de Netflix. Attendre 7 jours avant de connaître ce qui va arriver à nos personnages préférés, c’est juste impossible. Mais dans les années 1970, le public n’avait pas le choix. En 1976, une mini-série qui a été diffusée sur le petit écran a remporté tous les suffrages des spectateurs. Elle a suscité un bel engouement dans toute l’Europe. Il s’agit de « Sandokan », tirée des romans de l’écrivain Italien Emilio Salgari. Désormais, il est possible de regarder en replay les aventures du « Tigre de la Malaisie », surtout si on n’était pas là à l’époque. D’ailleurs, on peut la trouver ici :

https://www.raiplay.it/programmi/sandokan-laserie

Aujourd’hui, bien sûr, cela paraît désuet. Mais pas quand c’était sorti. Bien évidemment, la série prend quelques libertés avec le livre dont elle est tirée, « Les pirates de la Malaisie ». Pour le savoir, il faut avoir lu le texte et là, il y a des différences. Là, une question se pose : vaut-il mieux lire d’abord le roman ou bien doit-on voir d’abord l’adaptation ? La réponse est la suivante : quand on regarde la série, il est difficile d’imaginer autrement les personnages. Ainsi, pour beaucoup de monde, Sandokan a désormais le visage du beau Kabir Bedi. D’ailleurs, le comédien correspond bien à la description du personnage du livre : 35 ans, brun, de longs cheveux noirs, une barbe noire, un regard de braise, une allure princière. Mais déjà le héros de Salgari n’a pas bien l’air malais et ressemble à un Indien. Alors, un acteur Indien de mère anglaise doté d’expressifs yeux verts, 34 ans à l’époque, ça le fait. Par contre, lady Marianne, l’héroïne blonde du livre ressemble moins à la comédienne franco-américaine Carole André Smith qui a 24 ans (à l’époque). La lady Guillonk du roman a 16 ans, est italo-anglaise, a une allure un peu mièvre. L’actrice lui donne un profil plus âgé et c’est bien mieux. Yanes de Gomera, le dandy portugais de Salgari est un beau brun aux yeux bleus âgé de 35 ans environs… rien à voir avec l’acteur français Philippe Leroy-Baulieu presque quinquagénaire (à l’époque), au front dégarni et aux yeux bruns. Là, c’est l’erreur de casting qui fausse le personnage du roman. Il y a donc des différences dans l’adaptation télévisuelle, y compris dans la narration de l’histoire. Cependant, la série a le mérite de faire connaître (au moins de nom) le héros, Sandokan et lui donner un rayonnement international. Il contribue aussi à attirer l’attention sur l’auteur qui écrivait des romans feuilletons pour une revue au siècle dernier. C’est la raison pour laquelle les publications des livres ne sont pas dans l’ordre chronologique du récit. Les épisodes ont été écrits au fur et à mesure de l’intérêt de ses contemporains. Voici donc le cycle de « Sandokan » …


 

« Les Pirates de la Malaisie » (1896)

Le Maharate Kammamuri et une jeune fille nommée Ada Corishant sont sauvés du naufrage par Yanez de Gomera. Le jeune homme rescapé raconte son histoire. Le chef des thugs, Suyodhana, a fait arrêter son maître Tremal-Naik, le promis d’Ada qui est en état de choc après sa fuite. Il faut dire qu’elle avait été enlevée autrefois par les Thugs pour tenir le rôle de la « Vierge de la Pagode », sorte de prêtresse de la déesse Kali. Tremal-Nak, qui avait tiré sa bien-aimée des griffes de la secte, est incarcéré à Sarawak par un Anglais du nom de James Brooks qui a pris le pouvoir dans l’état malais. Sandokan, le tigre de la Malaisie, chef des pirates décide d’aller libérer le fiancé de la cousine de sa femme Marianne Guillonk décédée du choléra quelques années auparavant. Pour cela, il embarque sur son navire mais est trahi. Après de très nombreuses péripéties, il continue ses recherches. Yanez finit par trouver une solution : il se fait passer pour un riche anglais auprès du rajah blanc James Brooks, gagne sa confiance, demande à voir son prisonnier. Il drogue Tremal-Naik, le fait passer pour mort, le libère, Sandokan destitue Brooks et lui laisse la vie sauve. Tout est bien qui finit bien. Ada sort de sa torpeur, épouse son fiancé tandis que le Tigre de la Malaisie et ses hommes dits les « tigreaux » s’en vont vers de nouvelles aventures…

« Les Tigres de Monpracem (1900) »

Le redoutable pirate Sandokan, fils d’un prince destitué a juré de se venger des envahisseurs anglais. Or, il entend parler de la fameuse « Perle de (l’île de) Labuan » qui est la jeune Mariane Guillonk, nièce anglo-italienne de l’un de ses ennemis. Epris de la réputation de la lady, il veut la voit absolument. Il fait naufrage et est justement recueilli par la jeune fille. Tous les deux tombent amoureux. Envers et contre tous, ils finissent par partir pour aller vivre à Java. Bien sûr, entre temps, l’histoire connaît de nombreux rebondissements. Normal, pour un récit d’aventures ! Il faut savoir que les « Tigres de Monpracem » est le préquel des « Pirates de la Malaisie » qui paraît en premier.

« Les deux Tigres (1904) »

Tremal-Naïk a besoin d’aide. Une fois encore, Sandokan vient à sa rescousse. Il quitte son île de Monpracem avec ses hommes afin de gagner l’Inde en bateau. Son ami a épousé Ada Corishant mais celle-ci est morte à la naissance de leur fille, la petite Danah. Or, l’enfant est enlevée par les Thugs, membres d’une secte d’assassins qui honorent la déesse Kali. Ils destinent l’enfant à devenir une nouvelle « Vierge de la pagode », sorte de prêtresse dont le travail consiste à offrir des sacrifices à la divinité. Le valeureux Sandokan décide de porter secours à Danah. Il souhaite également affronter Suyodhana, le chef des Thugs dit le « Tigre de l’Inde ». Arrivé avec ses hommes chez son hôte et ami, Sandokan évite les attaques et les guet-apens tendus par les Thugs et de l’un de leurs mantis (un prêtre) particulièrement rusé. Pour savoir où se trouve Suyodhana, Sandokan suit la piste du serviteur de Kali. Il croise une jeune princesse dépossédée de son royaume et devenue une bayadère (une danseuse). Le belle Surama se joint à la quête et aide ses nouveaux amis. Accompagné de son fidèle ami Yanes, de Tremal-Naïk et d’une troupe d’hommes armés, Sandokan se lance à la poursuite de ce rival. Les aventures commencent : jungle hostile, chasse aux tigres, dangereux rhinocéros, thugs assassins armés de lassos étrangleurs, ouragans, séditions, rien n’est épargné à la petite troupe. Mais en résumé, tout est bien qui finit bien. Sandokan vainc son rival détesté, Tremal-Naik retrouve sa fille, et Yanes succombe au charme de Surama.

Mais les aventures du Tigre de la Malaisie ne s’arrêtent pas à ces trois ouvrages. Il y a encore huit épisodes que je n’ai pas encore fini de lire. Dans ces romans, Sandokan poursuit sa vengeance contre ceux qui ont tué sa famille et l’ont dépossédé de son trône (qu’il récupèrera à la fin, ce qui mettra un terme à sa clandestinité). Toutefois, au fil des tomes, il perd de son importance et passe au second plan par rapport à d’autres figure de fiction comme Yanes de Gomera (qui vole la vedette au héros). Des personnages supplémentaires s’ajoutent et le temps passe. A un certain moment, Sandokan et son « frère » Yanes deviennent quinquagénaires. Entre les vindictes, les trahisons, les attaques diverses, c’est palpitant comme doit l’être un roman d’action et d’aventures qui parle de pirates.

Emilio Salgari a écrit les aventures de Sandokan au fur et à mesure des commandes de la revue pour laquelle il travaillait. Les divers épisodes paraissaient et tenaient en haleine les lecteurs de l’époque. Le roman feuilleton datant de la fin du dix-neuvième et début du vingtième siècle ne correspond pas à nos critères actuels. Mais il faut savoir qu’à l’époque, les gens ne voyageaient pas autant, n’avaient pas Internet. L’Extrême-Orient n’a plus de secrets pour nous maintenant, ce qui n’était pas le cas avant. Les gens avaient besoin d’évasion et se contentaient de décors de pacotille qui faisaient leur effet. Le feuilleton est rempli de clichés, d’images touristiques idéalisées. Conformément au temps, les femmes n’ont pas la part belle. Parfois, elles font figure de potiches, de prétextes à l’aventure. Ce sont les belles dames à délivres, les objets de désirs des héros, véritables chevaliers servants prêts à braver tous les dangers pour elles dans un magnifique orient de fiction dont Emilio Salgari semble amoureux. Tout cela a fait rêver l’auteur et les lecteurs, ses contemporains. Même si c’est un peu désuet, on peut encore s’intéresser à Sandokan et à ses amis.

Pour ma part, j’ai apprécié les aventures du Tigre de la Malaisie que je conseille pour leur charme du siècle dernier. Elles sont le témoignage d’un goût d’une époque passée.


 

 

Cours complet de chiromancie

Chantier

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