jeudi 30 janvier 2025

Holly

 

"Holly" de Stephen King

En juillet 2021, pendant l’épidémie du covid, Holly Gibney ferme provisoirement les portes de son agence de détectives privés « Finder Keepers ». Son principal collaborateur est malade et confiné chez lui et elle ne peut pas compter sur ses meilleurs amis qui l’aident parfois, Barbara et Jérôme Robinson. De plus, elle vient de perdre sa mère, Charlotte, morte des suites du covid. Via l’application Zoom, elle assiste à l’enterrement de cette femme qui était contre la vaccination. En revanche, Holly a bien pris ses doses de Moderna, porte un masque, et utilise le gel désinfectant. Déprimée par la situation, la quadragénaire sort pourtant de sa torpeur quand une certaine Penny Dahl lui téléphone pour lui demander de chercher sa fille Bonnie Rae, disparue. Alors, même si la motivation n’est pas au rendez-vous, Holly mène l’enquête… Ne serait-ce que pour échapper au harcèlement de sa cliente. En réalité, dans ce livre, les événements sont présentés dans le désordre, avec des flash-backs. Le lecteur assiste d’abord à un meurtre de 2012. Et comme nous sommes dans le genre de l’horreur, les descriptions sont affreuses. Un écrivain, Jorge Castro est drogué, enlevé, jeté dans une cage à barreaux placée dans la cave d’une grande maison victorienne. Affamé, assoiffé, diminué à cause des sédatifs, migraineux, il souffre. Ses tortionnaires le poussent à manger du foie cru… et finalement le tueront pour le dévorer. Qui sont les assassins très cruels ? Il s’agit d’un couple d’anciens professeurs d’université, que le pauvre Jorge connaît, Rodney et Emily Harris. Ces deux retraités sans histoire s’impliquent encore dans la vie de leur ancien établissement. On leur donnerait le bon Dieu sans confession tant ils sont ordinaires, anonymes. Et pourtant, Stephen King nous prévient : il faut se méfier des petits vieux qui ont l’air bien gentil. D’ailleurs, je remercie l’écrivain. Grâce à lui, si des personnes âgées en fauteuil roulant s’approchent pour me demander leur aide pour pousser leur fauteuil roulant à l’intérieur d’un van (et en profiter pour me droguer avec une seringue), je me sauve à toute vitesse ! Grâce à ce mode opératoire bien rôdé, les adorables vieillards kidnappent Bonnie (la bibliothécaire de la faculté), Ellen Craslow (la femme de ménage de la faculté), Peter Steinman (un adolescent du quartier), Cary Dressler (un jeune, homme à tout faire du bowling où jouait Rodney). Que font-ils après avoir torturé leurs connaissances ? Ils les mangent, fabriquent des onguents avec leur graisse, tout cela dans le but de guérir de l’arthrose, des douleurs, et de l’Alzheimer. Alors, ils dévorent la cervelle de leurs victimes (en dessert, avec de la crème fraîche et Stephen King affirme que c’est délicieux !). Ils se frictionnent avec le baume magique qui estompe la douleur. En bref, les anciens professeurs croient en la panacée qui leur offrira la jeunesse. Sauf que les remèdes s’avèrent inefficaces dans la durée. Il faut toujours plus de cadavres pour se nourrir et par conséquent, plus de victimes. Il faut donc un plan bien rodé. Entre les deux, Emily Harris est le chef de la bande puisque son mari perd la tête. Et c’est bien la plus odieuse du couple. Méchante, elle déteste tout le monde. Homophobe, elle hait Jorge. Elle n’aime pas Bonnie en raison de sa beauté et de sa jeunesse. Elle exècre Ellen car celle-ci est végane, têtue, lesbienne et surtout afro-américaine. D’ailleurs, elle emploie des mots injurieux pour désigner les gens. Au lieu de « noire », elle dit « négresse ». En plus, elle est jalouse. Lorsque Barbara Robinson vient la voir pour lui montrer ses poèmes car elle fait partie d’un jury d’écrivains, elle reçoit un choc et l’adresse à une collègue avec l’espoir que celle-ci l’envoie promener. Emily ne supporte personne et surtout pas l’intelligence, la beauté, la jeunesse et le grand talent de Barbara… qui est justement une afro-américaine pour couronner le tout (selon l’horrible mégère raciste). Aussi, la vieille affreuse nourrit le projet de dévorer la cervelle si brillante de cette petite jeune fille qui ose savoir créer ! Barbara s’en va voir Olivia Kingsbury, une très célèbre poétesse avec les qualités que nous aimons : justesse, gentillesse, générosité. Cette militante tolérante et bienveillante devient le mentor de Barbara et l’inscrit même à son insu à un prestigieux concours de poésie qui permet la publication d’un recueil et une très coquette somme d’argent au gagnant. Olivia est tout le contraire d’Emily, la détestable meurtrière. Comme le monde est petit, Barbara est la meilleure amie de Holly… qui justement enquête sur la disparition de Bonnie. La détective ignore que la jolie blonde n’est que l’une des victimes des tueurs en série. Entre deux recherches, Holly est contactée par le notaire de famille. Seule héritière de sa mère, elle imagine simplement hériter de la maison de son enfance dont elle souhaite se débarrasser pour enfouir à jamais ses souvenirs désastreux. Car Holly se sent minable, pense avoir raté sa vie. Harcelée durant sa jeunesse, elle n’a pas pu faire les études qu’elle souhaitait à cause de sa mère. Elle n’a pu devenir une poète. Au fur et à mesure, elle découvre que Charlotte était une mère castratrice. Méchante, égoïste, conservatrice et aux valeurs arriérées, elle voulait tout contrôler, surtout la vie de sa fille. Avec ses remarques (dont le « Oh, Holly ! » très paternaliste et méprisant), elle la brimait sans cesse. Elle essayait de diriger sa destinée. Et quand Holly rencontre son futur employeur, un détective privé qui lui lèguera son agence, elle fait tout pour lui mettre des bâtons dans les roues (à la mort de son mentor). Elle raconte qu’elle a investi sa fortune dans des placements et que le conseiller est parti avec tout l’argent. Ruinée, Charlotte ne pourra pas donner d’argent pour renflouer l’agence qui heureusement se relèvera grâce à Holly. En fait, pour mieux briser sa fille unique, elle ment. Comme elle n’en faisait qu’à sa tête, lors de l’épidémie du covid, elle refuse de se faire vacciner, ne porte pas de masque, ne prend pas en compte la distanciation sociale, les précautions. Résultat, elle meurt et grâce au notaire, Holly découvre le pot aux roses et se retrouve millionnaire. Elle ne sera plus obligée de travailler… Mais en attendant, elle avance sur son enquête qui s’avère plus compliquée que prévu. Stephen King joue sur le suspens. Le lecteur a peur pour les personnages. Il s’attend à trouver ce qui est très convenu : à force de chercher, Holly va tomber dans le piège et se laisser enfermer par les deux vieux. D’ailleurs, c’est ce qui se passe. On tremble aussi pour Barbara qui figure sur la liste des victimes des enseignants dévoyés. Par bonheur, tout est bien qui finit bien car la détective a plus d’un tour dans son sac. Même blessée, elle parvient à déjouer la méfiance de Rodney. Celui-ci s’approche un peu trop d’elle et elle le tue en lui tranchant la gorge avec la boucle d’oreille de Bonnie. Quand Emily découvre que son mari est mort, elle veut le venger. Mais là encore, la jeune femme gagne. Elle réussit à tordre le cou de celle qu’elle traite à juste titre d’ordure. Voir mourir Emily et tout ce qu’elle représente est jouissif. Malgré les atrocités décrites, les personnages odieux, Holly s’en sort. Libérée de sa mère, de son passé et des contraintes, elle choisit de poursuivre son métier. Retraitée ? Jamais ! Les victimes sont vengées, Barbara gagne le prix de poésie, son frère Jérôme devient un écrivain publié. La « happy end » peut satisfaire le lecteur qui a été longtemps été tenu en haleine. « Holly » est un bon livre et je l’ai apprécié.

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