« Tara et Cal » devait ouvrir un nouveau cycle des aventures de la sortcelière tant aimée par le jeune public qui s’était forcément attaché à elle après de nombreuses années. En effet, les lecteurs avaient découvert Tara âgée de douze ans dans le premier tome. Là, en tant que simple jeune fille vivant à la campagne, elle apprenait subitement l’existence d’Autremonde, un univers fantastique. Avec cela, ses pouvoirs magiques jusque-là latents se développaient. Avec sa petite bande d’amis, Tara a vécu des aventures plus invraisemblables les unes que les autres. Pourchassée par ses ennemis, elle a affronté tous les dangers et sauvé notre planète un nombre incalculable de fois. En huit ans, Tara a tout connu : la haine, l’amitié, l’amour, les émotions, les divers admirateurs qui se battaient pour elle. Désormais âgée de vingt ans, elle vit sa vie de jeune adulte sur Terre. Ses expéditions et ses aventures fantastiques sont mises entre parenthèses car elle est privée de ses pouvoirs. Une fois n’est pas coutume, car ces retraites momentanées en raison de sa magie parfois défaillante lui arrivent fréquemment. En attendant, elle se repose comme n’importe quelle humaine. En couple avec Cal, elle passe du statut de sauveuse de l’humanité à future maman de jumeaux bien éprouvée par sa grossesse vécue à la fois avec humour et comme cauchemar (mais est-ce vraiment un thème pour la jeunesse, les affres d’une future mère ou est-ce surtout adressé à des adultes qui reconnaissent le « vécu » après les maternités ?) … Evidemment, cette période de transition ne dure pas. Les ennemis reviennent pour tout bouleverser. Logique, pas de menaces, pas d’aventures ! Et c’est reparti pour des descriptions faites dans un langage très relâché et pour une série d’invraisemblances. Cela n’arrête pas jusqu’à la conclusion sans réponses et qui pourrait appeler un tome de plus. On pouvait donc supposer que l’auteure allait ajouter plusieurs tomes supplémentaires après ce treizième. Les fans de la série « Tara Duncan » en auraient été certainement très heureux. Sauf qu’il n’y aura pas une vingtaine de livres en plus. Dommage, car les lecteurs auraient pu y suivre Tara jusqu’à ses quatre-vingts ans au minimum. Quoi de plus passionnant que la vie de la sortcelière bien-aimée en train d’élever ses enfants entre deux missions dangereuses et de les voir grandir jusqu’à l’arrivée de ses petits-enfants et arrière-petits enfants… et tous ceux de Moineau, Fabrice, Fafnir (qui porte le nom du dragon des Nibelungen, la légende nordique), de Robin, d’Eleanora (ressuscitée), d’Angelica et même ceux de Magister (pendant qu’on y est). Or, en principe, il n’y aura pas d’autres volumes. Ainsi, le lecteur échappe à ce monument de la littérature qui aurait pu être écrit. Le projet initial de poursuivre le cycle de ce récit légendaire a été stoppé net, privant le public de ce privilège. Et pour cause ! Malgré les milliers de compliments présents sur Internet, la lassitude a gagné. Très répétitifs, les treize volumes publiés sont déjà très largement suffisants. L’auteure a prolongé à l’envi son histoire sans parvenir à se renouveler. Il ne suffit pas de publier pour gagner de l’argent, il faut offrir du rêve. Tara Duncan part en vrille. A force de tirer sur la corde, elle finit par se rompre. Peu importe, Sophie Audoin Mamikonian continue à exploiter la situation. Dessins animés, bandes dessinées, Tara reste son fond de commerce. Si on s’en tient à ce qu’écrit Wikipédia, certains de ses aïeuls écrivaient déjà et étaient bien placés dans le monde de l’édition. Elle serait apparentée au cinéaste Francis Weber. C’est tout dire. On ne prête qu’aux riches, dit le dicton. L’auteure ne vient donc pas du néant et n’a pas été découverte par hasard. Merci Wikipédia ! Que dire de plus ? Au lieu de tant prolonger ses écrits, elle aurait dû s’en tenir aux deux premiers tomes, de renoncer à des suites improbables et de conclure en beauté. Au moins, elle aurait laissé une meilleure impression et un bon souvenir. Dommage que l’appât du gain ait tout gâché.